Le président algérien, Abdelaziz Bouteflika, a fini par sortir de son silence. Après une longue absence médiatique, il a en effet réagi pour la première fois aux grèves qui sévissent dans le secteur de l’éducation et de la santé, en Algérie, et qui font couler beaucoup d’encre dans la presse internationale.
Et c’est dans un message sibyllin, à l’occasion du double anniversaire de la nationalisation des hydrocarbures et de la création de l’UGTA (Union générale des travailleurs algériens), que le chef de l’Etat a rappelé que les travailleurs doivent accomplir leurs devoirs avec la même ferveur que celle avec laquelle ils défendent leurs droits.
Ton paternaliste
« La diversification et la compétitivité de l’économie constituent un impératif devenu plus crucial dans le contexte de crise pétrolière que nous traversons, a-t-il commencé par préciser. Nous ne pourrons le concrétiser sans la mobilisation résolue de toutes nos forces vives, de l’ensemble des travailleurs et des cadres, des femmes et des hommes qui font la force de notre pays ».
Seule solution, selon lui, pour vaincre les difficultés et poursuivre la « marche vers le progrès ». « Je n’ai jamais douté un seul instant de la disponibilité de tous pour relever ce défi [et] j’encourage les travailleurs à veiller à ce que la défense légitime et vigilante de leurs droits aille de pair avec l’observation effective et régulière de leurs devoirs et obligations » a-t-il poursuivi dans son message, lu en son nom par le ministre de la Justice, Tayeb Louh.
Mais le président Bouteflika a également employé un ton davantage paternaliste et patriote. Selon lui, en effet, « le développement, tel que nous le concevons, n’a de sens que s’il vise à améliorer les conditions de vie des citoyens à travers l’ensemble du territoire national, notamment les créateurs de richesse, c’est-à-dire les travailleurs dans toute leur diversité. »
« Année blanche »
« L’étendue de notre territoire, qui est un avantage certain, nous impose une politique de développement inventive, soucieuse de justice sociale qu’il nous revient aujourd’hui de mener dans une situation exceptionnelle où la diversification de notre économie, dans un contexte de crise, impose rigueur et moralisation de la gouvernance », a-t-il enfin précisé.
Ahmed Ouyahia, le chef du gouvernement, s’est également prononcé sur les grèves qui paralysent, actuellement, plusieurs secteurs névralgiques du pays. Et qui ne sont, selon lui, « que des manœuvres politiciennes visant à chahuter les élections présidentielles de 2019 », alors que l’on ne sait toujours pas si Abdelaziz Bouteflika sera en lice pour un cinquième mandat consécutif. Pour l’instant, s’agissant des mouvements de contestation, les portes du dialogue, globalement, restent fermées.
La situation dure depuis plusieurs mois et constitue naturellement une menace pour les élèves, mais aussi pour les médecins, qui risquent de faire une « année blanche ». La réunion qui a regroupé lundi des responsables du ministère de la Santé et des représentants du Collectif autonome des médecins résidents algériens (CAMRA), s’est achevée sans parvenir à un accord.
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Mounira Elbouti est doctorante et enseigante à l’IMT Business School. Elle s’intéresse à l’analyse de l’évolution des sociétés maghrébines post-« printemps arabe » et s’est spécialisée dans les questions de genre, de leadership et de transformation digitale. Elle a déjà collaboré avec le HuffingtonPost Maghreb, Le Mondafrique, Tunis Hebdo et Liberté Algérie.