Israël a-t-il tué à distance le physicien nucléaire iranien, comme le clame Téhéran ?

Israël soupçonnait Mohsen Fakhrizadeh, et, derrière, l’Iran, d’être à la tête d’un programme nucléaire militaire caché.

Un haut responsable de la sécurité iranienne a accusé, lundi, Israël d’avoir utilisé des « dispositifs électroniques » pour tuer à distance Mohsen Fakhrizadeh, le scientifique fondateur du programme nucléaire militaire de la République islamique, dans les années 2000, au cours d’une attaque au véhicule piégé, suivie d’une fusillade contre sa voiture, vendredi près de Téhéran, la capitale iranienne.

« Programme structuré »

Ali Shamkhani, le secrétaire du Conseil suprême de sécurité nationale du pays, a lâché ce commentaire lors des funérailles – en grande pompe, dignes d’un martyr – du physicien nucléaire âgé de 59 ans, où le ministre iranien de la Défense, Amir Hatami – dont il était l’un des vice-ministres et le chef de l’Organisation de la recherche et de l’innovation en matière de défense (Sépand, selon l’acronyme en persan) -, a juré de poursuivre le travail de l’homme « avec plus de rapidité et plus de puissance ».

Israël, longtemps soupçonné d’avoir assassiné des scientifiques nucléaires iraniens au cours de la dernière décennie, a refusé à plusieurs reprises de commenter l’attaque. En 2018, Benjamin Nétanyahou, le Premier ministre israélien, avait certifié que Mohsen Fakhrizadeh était à la tête d’un programme nucléaire militaire en Iran. Tandis que, selon les dirigeants de la République islamique, le scientifique assurait « simplement »la gestion de la défense antiatomique de Téhéran.

D’après l’agence américaine Associated Press (AP), le savant iranien a bel et bien dirigé le programme iranien dit AMAD, qu’Israël et certains pays occidentaux ont qualifié d’opération militaire visant à étudier la faisabilité de la construction d’une arme nucléaire. Selon l’Agence internationale de l’énergie atomique, ce « programme structuré » avait pris fin en 2003. Et les services de renseignement américains ont confirmé cette évaluation dans un rapport de 2007.

Armes par satellite

Sur Twitter, Karim Sadjadpour, membre du cercle de réflexion américain Fondation Carnegie pour la paix internationale, a indiqué qu’ « il faudra vraisemblablement des mois, si ce n’est des années, pour apprécier toutes les conséquences de la mort de Fakhrizadeh »« Ceux qui ont véritablement compris le rôle précis qu’il jouait au quotidien dans les activités nucléaires de l’Iran ne parlent pas, et ceux qui parlent ne savent pas », a-t-il ajouté.

Israël insiste sur le fait que l’Iran maintient toujours l’ambition de développer des armes nucléaires, pointant du doigt le programme de missiles balistiques de Téhéran et la recherche d’autres technologies. La République islamique, quant à elle, maintient depuis longtemps que son programme nucléaire existe à des fins pacifiques.

Le contrôle des armes par satellite n’est pas nouveau. Les drones armés à longue portée, par exemple, dépendent de connexions satellites pour être contrôlés par leurs pilotes à distance. Il existe également des tourelles d’armes télécommandées, mais elles voient généralement leur opérateur connecté par une ligne fixe pour réduire le délai de transmission des commandes. Israël utilise de tels systèmes câblés le long de la frontière avec la bande de Gaza contrôlée par le Hamas, rappelle AP.

 

Crédits photo : Funérailles du scientifique iranien Mohsen Fakhrizadeh, fondateur du programme nucléaire militaire de la République islamique, lundi 30 novembre à Téhéran (ministère iranien de la Défense via AP).

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