Emmanuel Macron a demandé à Vladimir Poutine de « préserver » les populations kurdes, avec qui Ankara veut « en finir ».
Mieux vaut tard que jamais ? Mercredi, Emmanuel Macron, le président français, s’est entretenu avec son homologue russe, Vladimir Poutine, au sujet de la guerre en Syrie, deux semaines après l’annonce surprise par Donald Trump du retrait des troupes américaines du pays. Il a insisté, notamment, sur la nécessité de préserver les forces alliées de la coalition internationale, dont les Kurdes, ses principaux soutiens dans la lutte contre les combattants de l’organisation Etat islamique (EI).
« En finir » avec les Kurdes
M. Macron a « souligné la nécessité d’éviter toute nouvelle déstabilisation susceptible de faire le jeu des terroristes », selon un communiqué de la présidence de la République française. Une allusion à la décision du président américain, largement commentée – et décriée – dans les rangs occidentaux, puisque laissant de facto à Recep Tayyip Erdogan, le chef de l’Etat turc, toute latitude pour lancer une offensive militaire contre les Kurdes des Unités de protection du peuple (YPG), considérés comme « terroristes » par Ankara.
Le président français « a également insisté sur la nécessité que soient reconnus les droits des populations locales et que les forces alliées de la coalition, notamment kurdes, soient préservées, compte tenu de leur engagement constant dans la lutte contre le terrorisme islamiste », poursuit le communiqué. Alors que la Turquie a commencé à rassembler des troupes et du matériel militaire le long de sa frontière avec la Syrie, Ankara doit attendre le feu vert de Moscou, principal allié de Damas, pour « en finir » avec les Kurdes, selon les termes de M. Erdogan. « Les zones évacuées par les Américains devront être reprises par Damas », affirmait Maria Zakharova, la porte-parole du ministère russe des affaires étrangères, mercredi 26 décembre.
Plusieurs dizaines de morts
Le président turc pourrait laisser le soin à Damas de « s’occuper » des combattants kurdes, du moment que ces derniers ne parviennent pas à ériger une région autonome, aux confins de la Syrie et de la Turquie. La hantise de M. Erdogan. De leur côté, alarmés par la décision de Washington de retirer les 2 000 militaires américains présents en Syrie, les dirigeants kurdes syriens, dans le nord du pays, se sont également tournés vers la Russie pour éloigner la menace turque.
Alors que John Bolton, le conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump, se rendra à Ankara, les 8 et 9 janvier prochains, pour parler retrait des troupes américaines, la décision du président américain a déjà eu des répercussions dans le nord de la Syrie. Où des combats entre rebelles syriens (soutenus par la Turquie) et djihadistes liés à Al-Qaïda, ont fait plusieurs dizaines de morts ces derniers jours. Une manière pour les seconds, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), de rappeler qu’ils occupent le terrain. Et ne comptent pas le laisser aux Turcs ni aux Russes, dont le poids, en Syrie, grandit de jour en jour.
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