Egypte : le TIMEP revient sur le référendum constitutionnel polémique

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02.05.2019

« Pendant que le processus politique était en cours, l’Etat a bloqué les sites Internets critiquant les amendements » selon l’institut.

Il y a quelques semaines, le Parlement égyptien adoptait un ensemble d’amendements constitutionnels étendant l’autorité du pouvoir exécutif et de l’armée, au détriment de l’indépendance des pouvoirs judiciaires et législatifs. Avec, par exemple, un article 185, qui dispose que le chef de l’Etat a désormais le pouvoir de nommer les autorités judiciaires pour une période de 4 ans, ou jusqu’à l’âge de leur retraite. Un corpus pas franchement démocratique sur lequel étaient invités à se prononcer les Egyptiens, lors d’un référendum national organisé du 20 au 22 avril derniers.

« Campagnes de diffamation »

Le lendemain, l’Autorité électorale nationale annonçait que 88,8 % des électeurs avaient voté en faveur des amendements, tandis que 11,1 % s’y étaient opposés, au cours d’un scrutin dont la participation s’est élevée à 44 % seulement. « Les amendements, qui ont un impact significatif sur l’avenir politique de l’Egypte, ont été proposés à la hâte à un référendum national au cours duquel les Egyptiens n’ont pas eu le temps d’examiner le contenu du vote, a regretté le Tahrir Institute for Middle East Policy (TIMEP) dans une note publiée le 30 avril. Les mouvements et les personnes critiques à leur égard ont été privés de leurs droits et les autorités se sont adonnées à des pratiques coercitives et illégales. »

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Le référendum a eu lieu après deux mois d’examen parlementaire desdits amendements, adoptés le 16 avril dernier par la Chambre des représentants (chambre basse du Parlement égyptien). « Pendant que le processus politique était en cours, l’Etat a bloqué les sites Internets critiquant les amendements et le processus qui les accompagnait, arrêté des citoyens pour avoir publiquement exprimé leur opposition aux amendements ou pour avoir critiqué les résultats du gouvernement, et soumis les législateurs ayant exprimé leur désaccord avec l’initiative à des campagnes de diffamation », relève le TIMEP.

« Conscience nationale »

Parmi les mesures décriées, l’institut basé à Washington (Etats-Unis) de mentionner également l’amende de 500 livres égyptiennes (environ 26 euros) prévue par l’Agence électorale nationale, en cas de non-participation, afin de booster la participation électorale. Et « en plus de la coercition et de la répression avant le vote, le référendum a donné aux expatriés égyptiens moins de 72 heures et aux Egyptiens à l’intérieur du pays moins de 96 heures pour examiner le contenu des amendements après leur adoption par la Chambre », mentionne enfin le TIMEP.

Dans un tweet, le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, a tenu à remercier les électeurs, en disant qu’ils avaient « ébloui le monde avec leur conscience nationale des défis auxquels notre chère Egypte est confrontée »« Le référendum sur les amendements constitutionnels sera enregistré avec fierté dans l’histoire de notre grande nation », a-t-il ajouté. Une déclaration qui n’a pas dû ravir tous les Egyptiens : certains n’ont pas manqué de dénoncer des achats de votes tandis que d’autres manifestaient contre le référendum. Parmi eux : Ahmed Badawi, un militant arrêté et « toujours porté disparu », annonce le TIMEP.

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