Al Jazeera a longtemps été la cible du Caire depuis le coup d’État militaire de 2013 qui a installé Abdel Fattah al-Sissi au pouvoir.
La chaîne d’information par satellite Al Jazeera a déclaré lundi qu’un correspondant de l’une de ses chaînes détenu en Égypte depuis 2019 avait été libéré de sa détention provisoire. Le réseau financé par le Qatar à Doha a déclaré que Hisham Abdel Aziz, un producteur de sa chaîne Al Jazeera Mubasher, avait été libéré.
Les autorités égyptiennes n’ont pas reconnu sa libération. Le ministère égyptien des affaires étrangères n’a pas répondu immédiatement à une demande de commentaire de la part de l’agence de presse américaine Associated Press (AP).
Il a été libéré dimanche, a déclaré Khaled el-Balshy, président du syndicat des journalistes égyptiens. L’épouse d’Abdel Aziz a mis en ligne dimanche une image d’Abdel Aziz, remerciant Dieu pour lui.
La chaîne a déclaré qu’Abdel Aziz, un Égyptien qui était basé au Qatar pour la chaîne d’affaires publiques, a été arrêté à l’aéroport international du Caire en juin 2019 alors qu’il se rendait à un voyage en famille. Ils affirment qu’il a été « soumis à une disparition forcée pendant environ un mois », avant d’être retrouvé en détention. Depuis, les autorités ont demandé et obtenu à plusieurs reprises des prolongations de 45 jours de sa détention.
Al Jazeera a longtemps été la cible du Caire depuis le coup d’État militaire de 2013 qui a installé le général Abdel Fattah al-Sissi à la présidence. Le Qatar avait soutenu le président égyptien élu, l’islamiste Mohammed Morsi, après le printemps arabe de 2011. M. Morsi appartenait au groupe islamique panarabe des Frères musulmans, considéré par certains pays arabes du Golfe comme une menace pour leur régime héréditaire.
Lors de la prise de pouvoir en 2013, les chaînes d’Al Jazeera ont couvert en direct de nombreuses manifestations de la confrérie, à la grande colère du gouvernement militaire égyptien. L’Égypte a révoqué les accréditations de presse d’Al Jazeera, perquisitionné ses bureaux et arrêté plusieurs reporters. L’arrestation et le procès de trois journalistes d’Al Jazeera English – l’Australien Peter Greste, le Canadien d’origine égyptienne Mohamed Fahmy et le producteur égyptien Baher Mohamed – ont suscité un tollé international.
Les trois journalistes ont été condamnés à des peines de 10 ans de prison, mais ont été libérés en 2015.
L’Égypte s’est jointe à l’Arabie saoudite, au Bahreïn et aux Émirats arabes unis pour boycotter le pays dans le cadre d’un conflit politique qui a duré de 2017 à 2021.
Toutefois, cette libération intervient au moment où le Qatar normalise ses relations diplomatiques avec les pays à l’origine du boycott. M. Al-Sissi a également assisté l’année dernière à l’ouverture de la Coupe du monde de la FIFA au Qatar, à l’invitation de son dirigeant, le cheikh Tamim ben Hamad Al Thani.
Al Jazeera indique que deux autres de ses journalistes sont toujours détenus par l’Égypte, alors qu’ils étaient en vacances dans ce pays.
Crédits photo : La newsroom d’Al Jazeera English, au siège de la chaîne à Doha, la capitale du Qatar, en 2011 (Wikimedia Commons).