Pape François : « Arrêtez d’utiliser le Liban pour des intérêts extérieurs »

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02.07.2021

Le pape François a présidé une messe, jeudi, dans la basilique Saint-Pierre, pour l’avenir du Liban.

Le pape François a insisté, jeudi, sur le fait que le Liban doit rester une « terre de tolérance et de pluralisme ». Il a accueilli les patriarches chrétiens du pays au Vatican, rapporte l’agence américaine Associated Press (AP), pour prier pour la fin de la crise économique et politique qui a plongé le pays dans le chaos et menacé sa communauté chrétienne.

François a présidé un service de prière en soirée dans la basilique Saint-Pierre avec les dirigeants des églises chrétiennes du Liban, qui comprenait des prières et des hymnes en arabe, syriaque, arménien et chaldéen. Des membres de la communauté libanaise de Rome et du corps diplomatique ont également garni les bancs.

« Message de paix »

Au cours de l’office, François a insisté sur le fait que la vocation du Liban était d’être une « oasis de fraternité où se rencontrent différentes religions et confessions, où différentes communautés vivent ensemble, mettant le bien commun avant leurs intérêts individuels ».

« Le Liban ne peut être laissé en proie au cours des événements ou à ceux qui poursuivent leurs propres intérêts sans scrupules, a-t-il dit. C’est un petit mais grand pays, et plus encore, c’est un message universel de paix et de fraternité qui surgit du Moyen-Orient. »

Le « pays du Cèdre », avec ses 6 millions d’habitants, dont environ 1 million de réfugiés, compte le plus grand pourcentage de chrétiens au Moyen-Orient. Il est le seul pays arabe dont le chef d’État est chrétien. Cette communauté religieuse représente un tiers de la population et le Vatican craint que l’effondrement du pays ne soit particulièrement dangereux pour la présence continue de sa « famille », un rempart pour l’Église au Moyen-Orient.

Le Liban traverse actuellement une crise économique et financière sans précédent, à laquelle s’ajoute une impasse politique de 11 mois concernant la formation d’un nouveau gouvernement. Cette situation constitue la plus grave menace pour sa stabilité depuis la fin de la guerre civile, il y a trente ans. Le pays tente également de se remettre de l’explosion dévastatrice du port de Beyrouth l’été dernier – et, accessoirement, de la pandémie de coronavirus.

« Forte préoccupation »

« François a invité les chefs religieux à une journée de prière qui a débuté par une méditation silencieuse sur la tombe de l’apôtre Pierre et a été suivie de discussions à huis clos sur la manière d’aider le Liban à sortir de ce que la Banque mondiale a décrit comme étant probablement l’une des pires crises que le monde ait connues au cours des 150 dernières années », précise AP.

Dans ses dernières remarques lors du service de prière œcuménique, François a exhorté les dirigeants politiques à trouver des solutions et a appelé la communauté internationale à aider le pays à se redresser. « Arrêtez d’utiliser le Liban et le Moyen-Orient pour des intérêts et des profits extérieurs, a-t-il déclaré. Le peuple libanais doit avoir la possibilité d’être les architectes d’un avenir meilleur sur sa terre, sans ingérence indue. »

Le Premier ministre désigné en difficulté Saad Hariri, qui a rencontré François au Vatican en avril, a déclaré depuis Beyrouth qu’il espérait que la rencontre inciterait tous les Libanais à préserver leur coexistence. De son côté, le ministre des Affaires étrangères du Vatican, l’archevêque Paul Gallagher, n’a pas mâché ses mots pour expliquer la « forte préoccupation du Saint-Siège face à l’effondrement du pays », lors d’un briefing avec des journalistes la semaine dernière.

 

Crédits photo : Le Pape François, quatrième à partir de la gauche, arrive dans la Basilique Saint-Pierre pour assister à une prière pour le Liban au Vatican, jeudi 1er juillet 2021 (AP Photo/Gregorio Borgia).

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