Koweït : le monde littéraire de plus en plus censuré

Avec 4390 ouvrages interdits lors des cinq dernières années, le Koweït fait désormais de la censure une marque de fabrique.

Autrefois emprunt d’un relatif libéralisme, le Koweït se distingue désormais comme l’un des Etats ayant le plus recours à la censure littéraire dans le monde. A tel point que « le  prochain Salon du livre, programmé en novembre, promet de faire parler de lui. Et cela, autant pour les ouvrages qui seront exposés sur ses stands que pour ceux qui en seront bannis », note Le Monde.

Concrètement, cette responsabilité incombe directement au ministère de l’Information appelé à « choisir » ce que les koweïtiens peuvent lire ou non… Au grand dam de Boutheïna Al-Issa, un auteur local à succès.

« C’est tellement triste. Nous avons été précurseurs dans le Golfe en termes de production artistique et littéraire. Et nous nous retrouvons aujourd’hui kidnappés par une bande d’ignorants », s’insurge ainsi l’intéressé.

Trois pas en arrière

Taleb Rifaï, l’un de ses confères, va même plus loin et dénonce de son côté un climat de censure littéraire encore moins permissif qu’à Riyad. Tandis qu’Adnan Alabbar , interrogé par RFI, dépeint à son tour une situation dénuée de sens :

« Personne ne sait pour quelle raison ces livres sont interdits. Par exemple, ils ont interdit des livres parce qu’ils parlaient de sirènes et d’autres parce qu’ils comportaient le mot « seins ». Ils censurent les livres sans relâche. Certains de nos plus grands penseurs ont été interdits. Et récemment, un livre sur l’histoire de la gastronomie a été censuré. Ça prend des proportions incroyables, on ne sait pas ce que ça va donner », fustige-t-il sans concession.

Avant de rappeler qu’il n’y a pas si longtemps le Koweït prônait pourtant une politique beaucoup moins rigoriste dans ce dossier :

« Nous avons des amis d’Égypte, d’Arabie saoudite, des Émirats, qui ont été élevés en lisant des livres qui étaient publiés et traduits par le Koweït. Dans le passé, nous avons soutenu de nombreux écrivains qui se sont enfuis de leur pays. Ces deniers ont alors trouvé refuge au Koweït pour continuer à écrire. Nous avons publié leurs œuvres et maintenant leurs œuvres se voient interdites. Dans des pays bien plus religieux que le Koweït, ils autorisent des livres qui sont désormais interdits ici. » 

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