Dubaï Expo 2020 : l’organisation reconnait des décès sur le site

Les EAU sont régulièrement pointés du doigt pour le traitement de leurs travailleurs, immigrés la plupart du temps.

Samedi, les organisateurs de l’Expo 2020 de Dubaï ont reconnu que cinq ouvriers avaient été tués sur le chantier pendant la construction de l’immense exposition universelle, révélant pour la première fois des statistiques globales sur les décès d’ouvriers, comme l’a rapporté l’agence américaine Associated Press (AP).

« Pratiques inhumaines »

L’Expo avait précédemment déclaré que les 200 000 ouvriers qui ont construit le site ont travaillé quelque 240 millions d’heures pour sa construction. Elle n’avait pas encore fourni de statistiques globales sur les décès, les blessures ou les infections par coronavirus des travailleurs, malgré les demandes répétées de l’agence américaine et d’autres journalistes.

Cet aveu intervient après que le Parlement européen a exhorté le mois dernier les nations à ne pas participer à l’Expo, citant les « pratiques inhumaines des Émirats arabes unis à l’encontre des travailleurs étrangers », qui, selon lui, se sont aggravées pendant la pandémie. En prévision de l’Expo, les entreprises et les sociétés de construction « contraignent les travailleurs à signer des documents non traduits, confisquent leurs passeports, les exposent à des heures de travail extrêmes dans des conditions climatiques dangereuses et leur fournissent des logements insalubres », indique la résolution.

Lors d’une conférence de presse organisée le lendemain de l’ouverture de l’événement, la porte-parole de l’Expo, Sconaid McGeachin, a affirmé que les informations sur les décès étaient déjà disponibles, mais n’a pas donné de détails. L’AP avait déjà demandé ces informations à plusieurs reprises et n’avait reçu aucune réponse de l’Expo. Qui a également déclaré que les autorités fourniraient plus d’informations sur les victimes à une date ultérieure, non précisée.

« Mesures »

Mme McGeachin a reconnu que les autorités étaient au courant de cas impliquant des entrepreneurs « retenant des passeports » et s’engageant dans des « pratiques de recrutement » suspectes et des violations de la sécurité sur le lieu de travail. « Nous avons pris des mesures pour nous assurer que ces problèmes ont été résolus et nous sommes intervenus dans certains cas à ce sujet », a-t-elle déclaré sans donner plus de détails.

Les Émirats arabes unis, un émirat riche en pétrole qui dépend de la main-d’œuvre migrante faiblement rémunérée d’Afrique, d’Asie et des pays arabes pour faire tourner son économie, font l’objet de critiques de longue date de la part des groupes de défense des droits humains pour avoir maltraité ces travailleurs. Mais les responsables se sont battus pour donner une image positive de l’Expo, la première exposition universelle au Moyen-Orient, qui vise à montrer la fierté de Dubaï et à attirer des millions de visiteurs étrangers.

Dans les Émirats arabes unis, les travailleurs ne peuvent pas se syndiquer et bénéficient de peu de protections, précise AP. Ils travaillent souvent de longues heures pour un maigre salaire et vivent dans des conditions inférieures aux normes. La chaleur torride de ce début d’automne, à Dubaï, s’est avérée dangereuse, même pour ceux qui visitaient le site le jour de son ouverture, vendredi, certains touristes s’étant évanouis sous le coup des 40 °C ambiants.

 

Crédits photo : Des manifestants brandissent les drapeaux français et émirati lors de la journée de cérémonie française à l’Expo 2020 de Dubaï, aux Émirats arabes unis, le samedi 2 octobre 2021 (AP Photo/Kamran Jebreili).

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