Bahreïn : le calvaire perdure pour l’opposant Nabil Rajab

Condamné en appel à 5 ans de prison pour avoir dénoncé la guerre au Yémen, N. Rajab n’a pas obtenu grâce auprès de la Cour suprême.

La descente aux enfers de Nabil Rajab se poursuit au sein du royaume bahreïni toujours très hostile envers les opposants politiques. Déjà condamné à deux ans d’emprisonnement en juillet 2017 pour « propagation de rumeurs et de fausses nouvelles lors d’interviews télévisées hostiles au pouvoir de Manama », l’intéressé a malheureusement vu sa condamnation à cinq ans de prison dans une autre affaire définitivement entérinée par la Cour suprême.

Concrètement, ce dernier coup de poignard judiciaire porte sur des tweets de Rajab dénonçant la guerre au Yémen et des cas présumés de torture à Bahreïn. Il lui est en outre reproché « d’avoir accusé un pays voisin », à savoir l’Arabie saoudite qui mène actuellement une lutte d’influence meurtrière contre l’Iran sur le territoire yéménite. Une lutte à laquelle participe également Manama, allié de Riyad. Vous l’aurez compris, ce jugement porte donc le sceau de la solidarité diplomatique.

La société civile crie au scandale

Sans surprise, les proches de ce martyre n’ont pas manqué de conspuer une décision en totale inéquation avec les droits de l’Homme. C’est le cas de son cousin et compagnon de lutte Maytham al-Salman, dont les propos recueillis par RFI mêlent tristesse et incompréhension.

« Nabil Rajab devrait être récompensé pour avoir appelé à la fin de la guerre au Yémen. (Désormais), il restera en prison… à part si la communauté internationale décide de faire pression sur les autorités pour obtenir sa libération. Je pense que la communauté internationale doit prendre des mesures concrètes contre les violations des droits de l’Homme. Il est déplorable qu’il y ait des doubles mesures à ce sujet. »

Un traitement de faveur en prison

Il s’agit ainsi d’un sérieux coup de massue pour Rajab qui vit un véritable calvaire dans les geôles du pays. Selon l’Organisation Mondiale Contre la Torture (OMCT), l’Etat interférerait en effet régulièrement dans le traitement médical suivi par l’opposant, dont la santé lui a valu plusieurs séjours à l’hôpital ces dernières années. Sa vie ne tiendrait même qu’à un fil, fustige de son côté la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH).

Qui ajoute que Rajab – intimement lié au Printemps arabe par ses actions contestataires – n’est qu’un exemple de plus de la répression en règle sur le territoire consistant à « emprisonner, torturer, intimider, déchoir de leur nationalité ou forcer à l’exil de nombreuses personnes s’étant opposées pacifiquement ou ayant critiqué la politique (étatique) ».

Pour rappel, le Bahreïn est régulièrement accusé de mener des actions discriminatoires à l’encontre de la communauté chiite établie dans le royaume. Rajab a notamment milité à plusieurs reprises pour que cette dernière bénéficie d’une meilleure représentation au Parlement.

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