Infantino : au Qatar, un « système d’esclavage moderne » existait avant 2018

Le président de la FIFA était interrogé, lundi dernier, sur le Mondial au Qatar. Et notamment sur la question des travailleurs immigrés.

Le président de la FIFA, Gianni Infantino, a déclaré que les travailleurs immigrés retiraient une certaine fierté de leur dur labeur, lorsqu’il a été interrogé, lundi, sur les souffrances qu’ils ont connues lors de la construction des infrastructures de la Coupe du monde au Qatar (21 novembre-18 décembre). Malgré les abus, M. Infantino a affirmé que les travailleurs se sentiraient fiers d’avoir la chance de construire des stades pour la compétition, la première à être organisée dans un pays arabe, en gagnant leur vie plutôt qu’en recevant la charité.

Ces commentaires sont intervenus après qu’il lui a été demandé, lors de la conférence mondiale du Milken Institute à Los Angeles, si la FIFA utiliserait ses bénéfices pour prendre « un quelconque engagement » en faveur des familles des travailleurs décédés au Qatar. M. Infantino n’a pas abordé directement ce point lorsqu’il a répondu à la présentatrice de MSNBC, Stephanie Ruhle, sur scène, soulignant plutôt l’introduction d’un salaire minimum et le renforcement des droits des travailleurs.

« Quand vous donnez du travail à quelqu’un, même dans des conditions difficiles, vous lui donnez de la dignité et de la fierté, a estimé la président de la FIFA. Ce n’est pas de la charité. On ne fait pas la charité. On ne donne pas quelque chose à quelqu’un en lui disant : « Reste où tu es. Je te donne quelque chose et je me sens bien. » » « C’est aussi une question de fierté, et d’avoir pu changer les conditions de vie de ces 1,5 million de personnes, c’est quelque chose qui nous rend aussi fiers », a-t-il ajouté.

« Changement social positif »

M. Infantino n’a pas directement contesté l’affirmation de Stephanie Ruhle – démentie par le Qatar après avoir été rapportée par The Guardian – selon laquelle 6 500 ouvriers sont morts en construisant les infrastructures du Mondial. M. Infantino a déclaré que seules trois personnes étaient mortes sur les chantiers de construction des stades, financés par l’immense richesse en pétrole et en gaz naturel du Qatar.

« Maintenant, 6 000 personnes auraient pu mourir dans d’autres travaux et ainsi de suite, a-t-il déclaré, et bien sûr, la FIFA n’est pas la police du monde ou responsable de tout ce qui se passe dans le monde. Mais grâce à la FIFA, grâce au football, nous avons pu régler le statut de tous les 1,5 million d’ouvriers qui travaillent au Qatar. » Et qui, pour rappel, vivent à plusieurs dans des endroits exigus, tandis que leur famille, pour la plupart vivant en Asie du Sud, restent dans leur pays d’origine.

Gianni Infantino a reconnu qu’une forme de « système d’esclavage moderne » existait avant que le Qatar ne commence à démanteler son système d’emploi – la kafala –, critiqué depuis longtemps, en 2018. Les travailleurs immigrés devraient désormais pouvoir changer d’emploi avant la fin de leur contrat sans obtenir l’autorisation de leur employeur actuel. Et la Coupe du monde a contribué à un « changement social positif », selon le président de la FIFA.

Ce dernier avait suscité des critiques en janvier dernier à propos de commentaires sur les migrants lorsqu’il a lié le projet de doubler la fréquence des Coupes du monde à tous les deux ans pour donner plus d’espoir aux Africains qui risquent leur vie en traversant la mer pour rejoindre l’Europe.

 

Crédits photo : Le président de la FIFA, Gianni Infantino (Doha Stadium Plus Qatar).

Partages