D’après l’UNICEF, 5 millions de Somaliens, dont 2,8 millions d’enfants, ont besoin d’une aide humanitaire d’urgence.
Au cours du premier semestre 2018, la situation humanitaire en Somalie n’a pas beaucoup évolué, d’après un récent rapport de l’UNICEF. Le pays de la Corne de l’Afrique, considéré comme l’un des plus pauvres du monde, a souffert des effets résiduels de la sécheresse, des déplacements de population, des conflits et des inondations saisonnières. Les fortes pluies d’avril et mai ont effectivement provoqué de graves coulées d’eau dans les régions du centre et du sud, affectant plus de 830 000 personnes et en déplaçant 290 000 autres. Et le 19 mai, le cyclone Sagar a frappé l’ouest du Somaliland, touchant près de 170 000 personnes. Tout autant d’événements qui ont détruit les récoltes, endommagé les abris et les infrastructures de services essentiels, notamment l’eau, la santé, la nutrition et les établissements d’enseignement.
Besoin de financements
Aujourd’hui, plus de 5 millions de personnes ont encore besoin d’aide humanitaire dans toute la Somalie, dont 2,8 millions d’enfants. Bien que les perspectives de sécurité alimentaire puissent s’améliorer dans les mois à venir – grâce à l’amélioration des précipitations et à une action humanitaire soutenue -, les taux de malnutrition dans l’ensemble de la Somalie restent parmi les pires au monde. En particulier dans les zones accueillant des personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays, renseigne l’UNICEF. Qui estime qu’entre janvier et juin 2018, 119 505 enfants atteints de malnutrition aiguë sévère (MAS) ont été inscrits dans des programmes de traitement, atteignant 70 % du nombre de cas prévu pour 2018. D’après l’organisation, cette année, 1,2 million d’enfants de moins de 5 ans devraient souffrir de malnutrition aiguë.
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En avril dernier, après plusieurs inondations meurtrières, le porte-parole du secrétaire général des Nations unies (ONU), Stephane Dujarric, indiquait que « les partenaires humanitaires sur le terrain ont donné la priorité à l’eau, à l’assainissement, à l’hygiène, à la santé, au logement et à la réponse alimentaire ». Et ont, pour ce faire, besoin de financements. Le plan de réponse humanitaire pour 2018 en Somalie, chiffré à 1,5 milliard de dollars (avant inondations), reste à financer en grande partie. Quant aux besoin de l’UNICEF, estimés à 158 millions de dollars, ils ne sont couverts qu’à 25 % pour l’instant (soit environ 44 millions de dollars). A ces carences s’ajoutent les inévitables difficultés rencontrées par les travailleurs humanitaires du fait des affrontements épars qui secouent la Somalie depuis des années.
Impréparation de l’armée
Début juillet dernier, le groupe djihadiste des Shebab, affilié à Al-Qaïda, a revendiqué un attentat (deux explosions suivies d’une fusillade) dirigé contre le ministère de la Sécurité dans la capitale, Mogadiscio. Dont ils se sont vus chassés en 2011, avant de perdre l’essentiel de leurs bastions dans le pays. Ce qui ne les empêche pas de contrôler toujours de vastes zones rurales, d’où ils peuvent mener des opérations de guérilla et des attentats suicides. Y compris, donc, dans la capitale. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a récemment déclaré, à ce titre, que le plan de réduction des effectifs de l’Amisom (force de l’Union africaine en Somalie) « n’est pas réaliste ». Ceci étant dû, notamment, à l’incapacité de l’armée somalienne de prendre le relai de cette force armée, composée de quelque 20 000 hommes.
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Ces derniers doivent avoir quitté la Somalie d’ici 2021, selon les plans initiaux. Et le millier d’hommes qui devait partir en octobre prochain devrait rester au moins jusqu’en février 2019, a annoncé le Conseil de sécurité de l’ONU. S’il y a bel et bien un calendrier de transition, l’insécurité persistante dans le pays et l’impréparation de l’armée somalienne ont tendance à le décaler. Munie de 18 000 hommes, cette dernière connait de nombreux problèmes de corruption, de ventes d’armes illicites, etc. Et manque de moyens. « Lorsqu’un bataillon est formé, si après quelques mois il n’a plus de munitions ou de nourriture, il se disloque. Les soldats rejoignent alors leurs tribus respectives et forment des milices régionales » expliquait récemment un diplomate à RFI. Pendant ce temps, 5 millions de Somaliens dans le besoin humanitaire n’ont toujours pas d’aide.

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