L’UNICEF a exhorté la Turquie, la Grèce et la Bulgarie à respecter leurs engagements internationaux en matière de protection des enfants.
Recep Tayyip Erdogan l’avait dit, il l’a fait. Alors que les réfugiés affluent en Turquie, poussés sur la voie de l’exil par les combats dans le nord-ouest de la Syrie, dans la région d’Idlib, entre les forces armées syriennes, épaulées par l’aviation russe, et les rebelles et djihadistes soutenus par Ankara, le président turc a ouvert ses frontières afin de laisser passer les personnes désireuses de se rendre en Europe. De quoi mettre ses partenaires européens, avec qui il avait signé en 2016 un accord pour empêcher une nouvelle crise migratoire au sein de l’Union européenne (UE), dans l’embarras, tandis qu’une crise humanitaire se profile. Pour les enfants notamment.
Sur l’île grecque de Lesbos, où sont déjà arrivés des dizaines de réfugiés, les rancœurs éclatent, et certaines franges nationalistes pestent contre l’accueil de ces populations, à majorité afghane. Le Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF), de son côté, a exhorté mardi tous les Etats concernés, et notamment la Turquie, la Grèce et la Bulgarie, à respecter leurs engagements internationaux en matière de protection des enfants contre la violence et le danger, quels qu’ils soient et d’où qu’ils viennent. « Le moment est venu de garantir un accès sûr à l’asile et à la protection internationale, plutôt que des actions et des déclarations incitant à la xénophobie ou alimentant la discrimination », a déclaré Afshan Khan, directrice régionale de l’UNICEF pour l’Europe et l’Asie.
« Besoins urgents »
La mort d’un enfant, lundi dernier, parmi près de 50 personnes à bord d’un bateau qui a chaviré au large de Lesbos, est un rappel tragique des voyages pénibles entrepris par les plus jeunes réfugiés et migrants en quête de sécurité en Europe, fait remarquer l’UNICEF. Que ce soit en mer, aux postes frontières ou dans les zones touchées par le conflit, les enfants sont les premières victimes, l’agence onusienne rappelle qu’au cours des dernières semaines, l’escalade de la violence dans le nord-ouest de la Syrie a déplacé plus de 575 000 enfants, confrontés au froid et aux conditions de vie catastrophiques, comme le notent les organisations humanitaires présentes sur le terrain.
« L’UNICEF et ses partenaires sont sur le terrain et répondent aux besoins immédiats des enfants, en leur fournissant des abris, de l’eau, des articles d’hygiène, des couvertures et d’autres articles non alimentaires », a précisé Afshan Khan. « Le Fonds s’efforce également de répondre aux besoins urgents des personnes bloquées le long de la frontière entre la Turquie et la Bulgarie, où de violents refoulements ont été signalés », a-t-elle ajouté. Sur les quelques milliers de personnes actuellement concentrées près d’Edirne et le long de la frontière terrestre turco-grecque, on estime que 40 % sont des femmes et des enfants. Aussi, selon le Fonds, les Etats doivent faire tout leur possible pour empêcher que les plus innocents ne subissent d’autres préjudices. « Aucun enfant ne devrait jamais avoir à risquer sa vie ou son avenir dans le désir d’être en sécurité », a conclu Mme Khan.
