L’ONU obtient deux milliards de dollars de promesses de dons pour le Yémen

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04.04.2018

Le patron de l’ONU a rappelé hier la nécessité de trouver une « solution politique » au conflit au Yémen.

2 milliards de dollars. C’est le montant des promesses de dons reçues par les Nations unies (ONU), qui ont organisé, hier, un appel de fonds de trois milliards de dollars pour le Yémen, au cours d’une conférence à Genève (Suisse). Malgré le tiers de la somme restant à trouver, « c’est un succès remarquable pour la solidarité internationale à l’égard du Yémen », s’est félicité le secrétaire général des Nations unies (ONU), António Guterres, lors d’un point de presse. Le patron de l’aide humanitaire de l’ONU, Mark Lowcock, a de son côté remercié les donateurs et souligné leur « générosité », qui intervient à un « moment critique ».

En ouverture de la conférence, mardi matin, au Palais des Nations, le chef de l’ONU a effectivement insisté sur le fait que le Yémen traverse « actuellement la pire crise humanitaire dans le monde » et que les Nations unies avaient besoin, pour leurs programmes d’urgence dans ce pays, de 2,96 milliards de dollars pour cette année. « Nous pouvons et devons éviter » que cette situation catastrophique « ne devienne une tragédie à long terme », a-t-il mis en garde. Le conflit, qui voit s’affronter une coalition de pays arabes – soutien du gouvernement yéménite – et les rebelles houthistes, vient d’entamer sa quatrième année, fin mars dernier.

Accès humanitaire 

Et sur le terrain, la situation humanitaire est toujours préoccupante ; plus de 22 millions de personnes (soit les trois quarts de la population) ont besoin d’aide humanitaire ; près de 18 millions de personnes souffrent d’insécurité alimentaire, dont 8,4 millions qui sont en situation de quasi famine. En un an, d’après le communiqué de presse de l’ONU, la malnutrition a touché un million de personnes supplémentaires, et près de 3 millions d’enfants de moins de 5 ans souffrent de ce problème de manière sérieuse. La raison pour laquelle « les humanitaires doivent être capables d’atteindre les personnes qui ont le plus besoin d’aide » a martelé António Guterres.

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Alors qu’en novembre dernier, pour répondre à un tir de missile des Houthis vers sa capitale, Riyad, l’Arabie saoudite avait décrété un blocus autour du Yémen, rendant difficile l’acheminement de l’aide humanitaire, le patron de l’ONU a expressément demandé un « meilleur accès » pour celle-ci. « Tous les ports doivent être ouverts à l’aide humanitaire et au trafic commercial, à l’envoi de médicaments, de vivres et du carburant nécessaire pour les distribuer. » L’aéroport de Sanaa, la capitale – aux mains des Houthis -, « est également un lien vital qui doit rester ouvert » a-t-il affirmé. Tout en reconnaissant que les opérations humanitaires se sont « considérablement développées ».

« Processus politique »

Au-delà de l’acheminement de l’aide pour les 22 millions de Yéménites qui en ont aujourd’hui besoin, António Guterres a insisté sur la nécessité d’un « processus politique sérieux pour conduire à une solution politique » dans le paysLa « seule » qui vaille selon lui. Même son de cloche chez Isabella Lövin, Vice-Première ministre de la Suède : « L’aide humanitaire ne peut à elle seule répondre aux besoins croissants de la population yéménite menacée par le conflit armé. Une solution politique doit impérativement être trouvée. La Suisse appelle à la cession des hostilités et invite toutes les parties à se joindre à la table des négociations » a-t-elle précisé.

Rien de moins évident. Car le conflit met aux prises, indirectement, l’Arabie saoudite – qui pilote la coalition arabe – et l’Iran – accusé de fournir armes et financements aux Houthis. Et il est peu probable que les deux puissances ennemies s’entendent sur la question. Malgré tout, le chef de l’ONU a demandé « à toutes les parties de prendre contact sans attendre avec [son] nouvel envoyé spécial, Martin Griffiths », pour envisager la solution politique. Et, lueur d’espoir tout de même, M. Guterres de relever « des signes positifs permettant de penser qu’un plan d’action menant à un dialogue intra-yéménite [pourra voir le jour] afin d’aboutir à une solution politique. Avec bien sûr toutes les parties impliquées dans ce conflit. »

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