Aucun mot, en revanche, n’a été prononcé par le secrétaire général de l’ONU sur les abus du régime en la matière.
Le secrétaire général des Nations unies (ONU), Antonio Guterres, a bouclé hier un voyage de deux jours en Egypte, dont il n’a pas manqué de souligner le « rôle positif très important » dans la région. « Notre coopération avec l’Egypte est un aspect essentiel de notre propre travail, et je me félicite des discussions très ouvertes que nous avons eues au sujet de toutes les situations complexes auxquelles nous sommes confrontés », parmi lesquelles le terrorisme, a affirmé M. Guterres.
« Entraînement militaire »
Le Caire, considérée comme une zone tampon entre le Moyen-Orient et l’Europe, est l’un des partenaires privilégiés des Occidentaux dans leur lutte contre l’islamisme radical. En déplacement en Egypte fin janvier dernier, le président français, Emmanuel Macron, l’avait sous-entendu, en déclarant : « La sécurité et la prospérité de l’Egypte sont de la plus haute importance stratégique pour la France ». Antonio Guterres, de son côté, préférant appuyer sur l’aide à apporter aux autorités égyptiennes en proie au terrorisme.
« Le monde doit s’unir pour trouver des réponses et il ne serait pas juste de demander à certains pays qui sont […] en première ligne de supporter l’ensemble des coûts et des impacts négatifs en ce qui concerne la propagation du terrorisme », a affirmé le secrétaire général de l’ONU, mercredi à l’issue de son voyage en Egypte.
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Le 30 mars dernier, la justice égyptienne a condamné 18 personnes à perpétuité pour appartenance au groupe djihadiste Etat islamique (EI), et avoir planifié une attaque contre une église, d’après une source judiciaire rapportée par le quotidien L’Orient-Le Jour. « Selon cette cour au Caire, certains condamnés ont suivi un ‘‘entraînement militaire’’ en Libye et en Syrie. Douze autres accusés ont été condamnés samedi à des peines de prison allant de 10 à 15 ans », précise le média libanais.
Tortures sur mineurs
Depuis 2013 et la destitution du président islamiste Mohamed Morsi par l’actuel président, Abdel Fattah al-Sissi, l’Egypte connait une recrudescence d’attentats terroristes. Contre les forces de sécurité notamment, faisant des centaines de victimes parmi les policiers et les soldats, en particuliers dans la zone désertique du Sinaï (nord-est). Mais également contre les minorités religieuses : en novembre 2017, un attentat perpétré par l’EI dans la mosque d’Al-Rawda (Sinaï nord) avait fait plus de 300 morts.
En février 2018, les autorités ont lancé une vaste opération pour tenter d’éradiquer le terrorisme d’Egypte – et plus particulièrement de la péninsule du Sinaï. Qui a visiblement porté ses fruits, puisqu’environ 600 djihadistes présumés ont été tués en un peu plus d’un an, tandis que les pertes côté forces de l’ordre s’élèvent à une quarantaine, annonce L’Orient-Le Jour. Mais la lutte contre le terrorisme, en Egypte, donne également lieu à certains abus, que le secrétaire général de l’ONU a « logiquement » tus.
Le 26 mars dernier, la Cour de cassation égyptienne a confirmé l’inscription de 145 personnes sur une liste de « terroristes », dont deux présentateurs proches des Frères musulmans – et exilés en Turquie -, Moataz Matar et Mohamed Nasser, « bêtes noires du régime d’Abdel Fatah al-Sissi » selon l’AFP. De nombreuses ONG dénoncent l’instrumentalisation de ces listes par Le Caire, qui chercherait ainsi à faire taire toute opposition. En novembre dernier, Amnesty International alertait par exemple sur des cas de tortures sur mineurs, présumés (à tort selon l’ONG) terroristes.
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