En Syrie, des pertes si viles

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04.06.2018

Plus de 106 000 civils ont été tués en sept ans, en Syrie, selon l’OSDH.

A croire que l’horreur ne cessera jamais pour les populations civiles de Syrie. Malgré la défaite militaire de l’organisation Etat islamique (EI) fin 2017, celle-ci subsiste encore dans certaines zones, à la frontière irakienne notamment. Et les tentatives pour débusquer les djihadistes sont souvent couronnées d’un succès très relatif, parfois même extrêmement tragique. Vendredi dernier, au moins douze civils, membres d’une même famille, ont péri dans des bombardements de la coalition internationale emmenée par les Etats-Unis, pourtant dirigés contre Daech (acronyme arabe de l’EI), dans le nord-est de la Syrie.

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Des décès qui portent à « vingt le nombre de civils tués par la coalition en 24 heures à l’est du fleuve Euphrate » a indiqué l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), une ONG basée à Londres mais qui dispose de nombreuses sources dans le pays. La veille, huit autres civils, dont trois enfants, avaient effectivement péri dans des frappes attribuées également à la coalition internationale, dans la province de Deir Ezzor. En tout, l’intervention anti-djihadiste occidentale aura fait, en Syrie et en Irak, près de 9 000 morts civiles « involontaires » en près de quatre ans, selon les propres chiffres des Occidentaux, sur un peu plus de 106 000 civils tués depuis sept ans.

Simples chiffres

La tragédie de vendredi dernier, premier jour du mois de juin, est intervenue alors que mai avait été, d’après l’OSDH, le mois le moins meurtrier pour les civils en Syrie, depuis le début de la révolte contre le régime de Bachar al-Assad en 2011. « Seulement » 244 pertes enregistrées – dont 33 femmes et 58 enfants -, contre 395 civils tués en avril. Et si la coalition internationale a nécessairement une responsabilité dans ces pertes collatérales, ce sont bel et bien les bombardements du gouvernement syrien – ou de son allié russe – qui ont constitué la première cause des décès civils en mai, selon l’ONG londonienne.

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Le risque, à présent ? Que chaque camp se renvoie la balle meurtrière et cherche à accuser l’autre de perpétrer le plus de morts civiles. Sans se remettre en question ni reconnaitre ses excès. La population syrienne, prise entre deux feux, a toujours été la grande perdante de la guerre – civile puis internationale – ; elle ne deviendrait ainsi qu’une variable d’ajustement, de simples chiffres à l’aune desquels les protagonistes jugeraient leurs actions. « Peu importe le nombre de civils tués par nos soins, tant qu’il est inférieur à celui du camp d’en face » pourrait-on professer dans les états-majors. Une réflexion bien vile, qui doit inciter la communauté internationale à réagir pour de bon.

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