L’opération « Sinaï 2018 » se poursuit donc, en Egypte, malgré quelques critiques.
Le groupe Etat islamique (EI) en Egypte vient-il de prendre du plomb dans l’aile ? Selon une source de sécurité, qui a souhaité gardé l’anonymat, l’un des chefs locaux de Daech (acronyme arabe de l’EI), ainsi que 15 autres djihadistes présumés, ont été tués par l’armée égyptienne, lundi, dans la région du Sinaï, après un raid aérien mené dans le cadre de l’opération « Sinaï 2018 ». Si les forces de l’ordre n’ont pas confirmé l’information, l’EI a de son côté précisé sur Telegram la mort d’Abou Hamza al-Maqdessi, selon l’AFP. D’origine palestinienne, le combattant de Daech « était l’un des responsables opérationnels de l’EI et avait pris part aux opérations contre l’armée » a précisé la même source. Il était notamment chargé de planifier les attaques et d’entraîner les djihadistes dans le désert du Sinaï.
Selon une autre source, les 15 autres combattants islamistes ont été tués quant à eux au cours d’une opération de police. Ils étaient soupçonnés d’avoir planifié des attaques contre des postes de contrôle et de sécurité, juste avant le 45ème anniversaire de la guerre du 6 octobre 1973 entre l’Egypte et Israël, selon l’agence de presse MENA citée par le média saoudien Al-Arabiya. Celle-ci, en revanche, n’a pu identifier les combattants ni indiquer s’il y avait des blessés du côté des forces de police. Qui ont quant à elles saisi « un certain nombre d’armes automatiques lors d’une descente dans une ferme à l’ouest d’El-Arish [nord du Sinaï, ndlr] où se cachaient » les djihadistes présumés. Depuis le lancement, le 9 février dernier, de l’opération « Sinaï 2018 », environ 300 terroristes et une trentaine de soldats égyptiens ont péri, selon les chiffres officiels. Mais la lutte contre le djihadisme ne date pas d’hier.
« Politique stratégique à long terme »
L’Egypte est confrontée, depuis plusieurs années, à un terrorisme récurrent, pour ne pas dire omniprésent. Des milliers d’opérations de lutte contre de tels actes ont ainsi été rapportés, aussi bien par les médias officiels égyptiens que d’autres médias. Depuis juillet 2013, selon le Tahrir Institue for Middle East Policy (TIMEP), « les ministères ont officiellement fait état de 1 800 opérations de sécurité dans toute l’Egypte, tandis que 1 672 autres opérations ont été signalées dans les médias, avec environ 39 % des interventions signalées dans le nord du Sinaï. » Fin novembre dernier, c’est dans cette vaste région désertique qu’un attentat avait été commis contre la mosquée soufie de Bir al-Abed, où plus de 300 personnes ont perdu la vie.
Le 24 juillet 2013, Abdel Fattah al-Sissi, alors ministre de la Défense, déclarait la « guerre au terrorisme » lors du discours du tafweed (« mandat »). Et, un an plus tard, l’Institut américain, qui nourrissait déjà des craintes sur d’éventuels excès de pouvoir de la part du régime, lançait le projet Egypt Security Watch, afin d’étudier l’adéquation entre l’importance du fait terroriste et les méthodes employées par le gouvernement pour y répondre. Verdict : « Ceux qui gouvernent l’Egypte n’ont pas su adapter leurs tactiques à l’évolution des menaces qui pèsent sur la sécurité, élaborer une politique stratégique à long terme de lutte contre le terrorisme ou mettre en œuvre un programme global de prévention de la radicalisation » selon le TIMEP. Ce qui n’empêchera vraisemblablement pas Abdel Fattah al-Sissi de poursuivre son opération anti-djihadiste.
Lire aussi : En Egypte, la « guerre contre le terrorisme » a cinq ans
