Depuis la formation du nouveau parlement tunisien et la prise de fonction de ses députés. Les cacophonies s’enchainent au sein de l’hémicycle. A titre d’exemple, le torchon qui brûle entre le PDL et Ennahdha. Plus grave, un député PDL est accusé de discrimination raciste envers une autre députée d’Ennahdha.
Ennahdha, parti vainqueur des élections tunisiennes a décidé de porter plainte contre un dirigeant du Parti destourien libre pour racisme. C’est ce qu’a annoncé le député d’Ennahdha Samir Dilou, mercredi 4 décembre 2019,
Selon Dilou, Saleh Neji du PDL visé par sa plainte aurait publié une photo montrant un gorille à côté de la photo de la députée Jamila Ksiksi.
Jamila Ksiski qui est la seule députée noire du parlement tunisien a, en effet, été victime de propos racistes sur Facebook de la part de Salah Neji et a été traitée de « singe », de « moche » et « d’esclave ». Ksiksi, s’est dit déterminée à poursuivre en justice des membres du Parti destourien libre (PDL) qu’elle accuse d’avoir mené, à son encontre, une campagne raciste sur les réseaux sociaux.
Mardi, lors d’une plénière consacrée à l’examen de la Loi de Finances complémentaire de 2019, l’élue d’Ennahdha a qualifié les députés du PDL de “clochards” et de “bandits”
Campagne raciste contre une députée
Dans une conférence de presse, mardi, au Palais du Bardo, Ksiksi a déclaré que “la campagne raciste, menée par des membres du PDL, n’honore pas les Tunisiens, un peuple qui a franchi des pas importants en matière des droits humains et qui s’enorgueillit d’avoir adopté une loi pour lutter contre les violences faites aux femmes et une loi contre les discriminations raciales”.
La députée a tenu à remercier les activistes de la société civile, les défenseurs des droits de l’Homme et les avocats qui, a-t-elle dit, lui ont exprimé “leur soutien face à cette vile campagne à l’endroit des femmes et aux personnes à la peau noire”.
Pour rappel, des activistes de la société civile, et des associations de lutte contre le racisme en Tunisie (Association tunisienne de soutien aux minorités, association M’nemty…) ont dénoncé ces propos racistes et promettent eux aussi de porter cette affaire devant les tribunaux.
Loi contre le racisme
Il est à noter que, selon la loi tunisienne, toute personne reconnue coupable de tenir des propos ou actes discriminatoires est passible d’une peine de prison allant de 6 mois à 3 ans, ainsi qu’une amende de 500 dinars.
Cette loi contre les discriminations raciales, a été adoptée grâce à la mobilisation de la société civile, en juin 2018. Une première dans le monde arabe.
Ladite députée a été l’un des fers de lance de la loi contre le racisme. Suite à l’adoption de cette loi, elle a reçu des représentants d’une association ivoirienne qui lui avaient fait part des violences que subissent régulièrement les Subsahariens qui vivent par milliers en Tunisie.

Mounira Elbouti est doctorante et enseigante à l’IMT Business School. Elle s’intéresse à l’analyse de l’évolution des sociétés maghrébines post-« printemps arabe » et s’est spécialisée dans les questions de genre, de leadership et de transformation digitale. Elle a déjà collaboré avec le HuffingtonPost Maghreb, Le Mondafrique, Tunis Hebdo et Liberté Algérie.