Le Royaume-Uni invité à interdire ses ventes d’armes à l’Arabie saoudite

CAAT a prié le chef de la diplomatie britannique, en visite à Riyad, d’interdire les ventes d’armes britanniques à l’Arabie saoudite.

Dominic Raab, le ministre des Affaires étrangères britannique, se souviendra de sa première visite officielle en Arabie saoudite. Sur fond de guerre au Yémen et de crise humanitaire dans le pays le plus pauvre de la péninsule Arabique, le chef de la diplomatie s’est entretenu avec des dirigeants saoudiens et devait même rencontrer le président yéménite, Abd Rabbo Mansour Hadi, en exil depuis que les rebelles Houthis (chiites, soutenus par l’Iran) se sont emparés de la capitale du Yémen, Sanaa, en 2014.

Commerce des armes avec Riyad

Depuis mars 2015, Riyad est à la tête d’une coalition de pays arabes qui épaule les forces yéménites dans leur combat face aux Houthis, ce qui a provoqué « la pire crise humanitaire du monde » selon les Nations unies (ONU) et fait plusieurs dizaines de milliers de morts. Dont la plupart sont des civils. L’aviation saoudienne est en effet régulièrement accusée de bombarder, sans distinction, les zones militaires et civiles, voire les rassemblements – comme les mariages et les marchés.

Problème, le Royaume-Uni, tout comme la France, sont pointés du doigt pour leur commerce des armes avec Riyad, de nombreuses organisations ayant déjà démontré que du matériel de guerre occidental s’était retrouvé sur le champ de guerre au Yémen, ce qui est interdit par différents textes internationaux et européens – comme le Traité sur le commerce des armes (TCA) ou la position commune de l’Union européenne adoptée en 2008.

Face au silence quelque peu gêné des principaux intéressés – le commerce des armes avec les Saoudiens a par exemple rapporté quelque 1,6 milliard d’euros à Paris en 2017 -, organisation et associations humanitaires n’hésitent pas à monter au créneau pour dénoncer l’hypocrisie occidentale, qui consiste à militer d’une main pour l’aide humanitaire et l’arrêt des combats tout en vendant de l’autre des armements aux belligérants.

Violation du droit international

Ainsi Dominic Raab a-t-il été invité par l’une d’entre elles à insister pour que l’Arabie saoudite corrige son « bilan catastrophique en matière de droits de l’Homme » – et droits de la femme surtout, alors que plusieurs militantes féministes se retrouvent aujourd’hui dans les geôles du royaume -, et surtout interdire les ventes d’armes en provenance du Royaume-Uni. Les militants en ont également profité pour exhorté le chef de la diplomatie britannique à appeler à la fin du conflit au Yémen et à mettre en œuvre un embargo immédiat sur les ventes d’armes.

Andrew Smith, membre de CAAT (Campagne contre le commerce des armes) : « Dominic Raab a déclaré qu’il soulèverait la crise au Yémen, mais les paroles ne suffisent pas. C’est une crise qui a été alimentée et exacerbée par les ventes d’armes britanniques. Ni Raab ni ses collègues ne peuvent avoir une quelconque autorité morale alors qu’ils continuent à armer et à soutenir la brutale dictature saoudienne et ses alliées. Ces ventes d’armes sont immorales et, comme la Cour d’appel l’a confirmé l’année dernière, elles sont également illégales. »

M. Smith a ensuite accusé le gouvernement de Sa Majesté de faire preuve d’un « mépris total » pour le peuple du Yémen, et a déclaré que la seule façon d’avoir un impact positif était de stopper purement et simplement les ventes d’armes à l’Arabie saoudite – ce que la France pourrait observer également. Pour rappel, les licences de vente d’armes ne peuvent être accordées, au Royaume-Uni, s’il existe un risque que ces armes soient utilisées en violation du droit international.

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