Production de pétrole : Abou Dhabi s’oppose aux membres de l’OPEP

Les EAU estiment qu’il convient d’augmenter la production mondiale de pétrole, contrairement aux membres du cartel.

Les Émirats arabes unis se sont opposés dimanche à un plan du cartel pétrolier de l’OPEP et des pays producteurs alliés visant à prolonger le pacte mondial de réduction de la production de pétrole au-delà d’avril 2022. Une déclaration rare qui révèle la frustration du pays à l’égard du groupe.

Le ministre émirati de l’Énergie a qualifié la proposition de prolonger l’accord pour toute l’année 2022 sans augmenter son quota de production d’ « injuste pour les Émirats arabes unis », selon l’agence de presse publique WAM.

« Besoin urgent »

Les Émirats arabes unis, qui sont l’un des plus grands producteurs de pétrole du groupe, cherchent à augmenter leur production, ce qui les met en concurrence avec leur allié et poids lourd de l’OPEP, l’Arabie saoudite, qui a fait pression pour maintenir un contrôle strict de la production.

Le groupe OPEP Plus, composé de membres dirigés par l’Arabie saoudite et de non-membres, au premier rang desquels la Russie, n’est pas parvenu à un accord vendredi sur la production de pétrole. Les négociations sur ce différend doivent reprendre lundi.

Les Émirats arabes unis ont déclaré qu’ils soutenaient les plans d’augmentation de la production au cours de l’été, estimant que le marché avait « un besoin urgent d’une production plus élevée ». Le pays a suggéré de reporter l’ensemble des discussions sur la prolongation de l’accord à une réunion ultérieure, et a lancé un appel en faveur d’un quota de production actualisé qui « reflète notre capacité de production actuelle ».

« Sacrifices »

L’OPEP est confrontée à des pressions contradictoires après le plongeon des prix du pétrole l’an dernier, la pandémie ayant réduit à néant les voyages et la consommation d’énergie. Les fortes réductions de production des producteurs de pétrole ont empêché les prix de s’effondrer encore plus. Augmenter la production maintenant, alors que les campagnes de vaccination alimentent les espoirs de reprise économique, permettrait d’accroître les revenus des pays producteurs dont les budgets ont été durement touchés par la baisse des prix.

« Mais si l’on pompe trop et trop tôt, on risque de compromettre le rebond des prix de l’énergie », estime l’agence américaine Associated Press (AP). Dans une interview accordée à CNBC, dimanche, le ministre émirati de l’Énergie a d’ailleurs exprimé ses inquiétudes quant aux restrictions de production imposées par l’Arabie saoudite.

« Tout le monde a fait des sacrifices mais, malheureusement, ce sont les Émirats arabes unis qui en ont fait le plus, en laissant un tiers de la production inactive pendant deux ans », a-t-il déclaré. L’Arabie saoudite a également procédé à de fortes réductions de production et a appelé à la prudence, affirmant que la demande de pétrole et la reprise économique après la pandémie restent fragiles dans le monde.

 

Crédits photo : Le ministre émirati de l’Énergie, Suhail al-Mazrouei, se rend à une réunion de l’OPEP, à Vienne (Autriche), en mars 2020 (AP Photo/Ronald Zak).

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