Soudan : l’armée devrait quitter les pourparlers politiques

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05.07.2022

Le pays est plongé dans la tourmente depuis que la prise de pouvoir par l’armée a mis fin à la transition démocratique.

Le général en chef du Soudan a déclaré lundi que l’armée du pays se retirerait des négociations destinées à résoudre la crise politique en cours après le coup d’État de l’année dernière, permettant ainsi aux représentants de la société civile de prendre leur place.

Gouvernement civil

Dans des déclarations diffusées par la télévision d’État soudanaise, le général Abdel-Fattah Burhan a également promis qu’il dissoudrait le conseil souverain qu’il dirige après la formation d’un nouveau gouvernement de transition. Le conseil gouverne le pays depuis que les militaires ont pris le pouvoir lors d’un coup d’État l’année dernière.

Depuis lors, la mission politique des Nations unies au Soudan, l’Union africaine et le groupe régional de l’Autorité intergouvernementale pour le développement, composé de huit pays d’Afrique de l’Est, tentent de trouver une solution pour sortir de l’impasse politique. Mais les pourparlers n’ont donné aucun résultat jusqu’à présent. Les groupes pro-démocratie ont répété qu’ils ne négocieront pas avec les militaires et leur ont demandé de remettre immédiatement les rênes à un gouvernement civil.

Abdel-Fattah Burhan n’a pas précisé de date ni qui remplacerait les militaires à la table des négociations. Il a déclaré qu’après la dissolution du conseil de gouvernement, l’armée et les puissantes forces paramilitaires, connues sous le nom de « forces de soutien rapide », seront placées sous l’autorité d’un nouvel organe directeur qui sera responsable de la défense et de la sécurité du pays.

Manifestations quasi hebdomadaires

Le Soudan est plongé dans la tourmente depuis que la prise de pouvoir par l’armée a mis fin à la transition éphémère vers la démocratie après trois décennies de régime répressif de l’ancien homme fort Omar el-Béchir. Ce dernier et son gouvernement soutenu par les islamistes ont été destitués par l’armée lors d’un soulèvement populaire en avril 2019.

Les déclarations du général Burhan interviennent après une semaine meurtrière pour les manifestants pro-démocratie du pays. Jeudi, neuf personnes ont été tuées et au moins 629 blessées par les forces de sécurité lors de manifestations antimilitaires, selon le Comité des médecins du Soudan, qui a recensé les victimes des manifestations.

Les autorités militaires soudanaises ont répondu aux manifestations de rue quasi hebdomadaires depuis le coup d’État par une répression meurtrière, qui a fait jusqu’à présent 113 morts, dont 18 enfants. Les gouvernements occidentaux ont appelé à plusieurs reprises les généraux à autoriser des manifestations pacifiques, mais ils ont également provoqué la colère du mouvement pro-démocratie en s’engageant auprès des généraux dirigeants.

 

Crédits photo : Abdel-Fattah Burhan, président du Conseil de souveraineté du Soudan, en octobre 2019 (Wikimedia Commons).

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