Le Maroc et le Front Polisario s’écharpent depuis plus de quarante ans pour obtenir la souveraineté de ce territoire.
Le Sahara occidental, c’est une bande de terre de 266 000 kilomètres carrés que s’arrachent le Maroc et la « République arabe sahraouie démocratique » depuis plus de 40 ans, sur fond de droit à l’auto-détermination et de sous-sols inexploités riches en matières premières. Fin décembre dernier, des manœuvres militaires effectuées par l’armée sahraouie ont pu laisser craindre un retour des combats entre les deux camps, séparés par un mur qui perce le Sahara occidental du nord au sud. D’autant plus qu’en février 2017, le « ministre de la Défense » sahraoui avait déclaré qu’ « il y a 25 000 militaires sahraouis de l’autre côté des murs de défense construits par le Maroc, toujours sur le qui-vive ». Quelles sont les origines du conflit et comment en est-on arrivé là ?
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1965
En 1963, le Sahara espagnol, créé en 1958, est inscrit à la demande du Maroc sur la liste des territoires non autonomes des Nations unies (ONU), Rabat estimant que les Sahraouis souhaitent alors massivement faire partie du royaume et qu’un scrutin d’auto-détermination n’est pas nécessaire. Mais le 17 décembre 1965, l’Assemblée générale de l’ONU, dans sa résolution 20/72, invite l’Espagne à résoudre immédiatement la question de la souveraineté du territoire sahraoui et, par conséquent, à mettre en œuvre le droit à l’auto-détermination. Ce que les Nations unies, mais également le Conseil de sécurité et l’Union africaine, par exemple, réclameront sans relâche jusqu’à aujourd’hui.
1973
Le Front Polisario se forme le 29 avril 1973 à Zouerate, en Mauritanie, afin de mettre un terme à l’occupation espagnole du Sahara occidental. L’organisation, qui succède alors au Mouvement de libération du Sahara qui existait dans les années 1960, milite pour l’indépendance de cette bande de terre située au nord-ouest de l’Afrique. Ceci en prenant parfois les armes, comme ce fut le cas après l’annonce du départ des colons espagnols, contre le Maroc et la Mauritanie qui cherchaient à annexer le territoire. Cette dernière reconnaitra finalement en 1979 le Front Polisario, qui pourra concentrer ses forces contre Rabat, les Marocains refusant de reconnaitre le « gouvernement » de la « République arabe sahraouie démocratique » (RASD) créée en 1976.
1979
En mai 1975, une mission des Nations unies reconnait la légitimité du Front Polisario, tandis que la Cour internationale de justice de La Haye (Pays-Bas) rend un arbitrage favorable à l’autodétermination du peuple sahraoui, dont les tribus nomades, à l’époque de la colonisation, étaient socialement et politiquement très organisées selon elle. Et le 21 novembre 1979, l’Assemblée générale de l’ONU adopte la résolution 3437 par laquelle elle désigne le mouvement comme le « représentant du peuple du Sahara occidental » ; celui-ci, à l’époque, revendique les territoires abandonnés par la Mauritanie la même année et récupérés par le Maroc, qui réussit à contenir les multiples assauts du Front Polisario grâce à la construction d’un « mur défensif ».
1987
Egalement appelé « mur des sables » et, par ses opposants, « mur de la honte », celui-ci est achevé en 1987 et comprend, sur plus de 2 700 kilomètres, des champs de mines, des palissades et de nombreux bunkers gardés par plusieurs dizaines de milliers de militaires marocains. Le Front Polisario contrôle de facto la partie du Sahara occidental qui se trouve à l’est de cette barrière et obtient le soutien de certains pays d’Afrique et d’Amérique latine, sensibles au combat anti-colonialiste et pour le droit à l’auto-détermination qu’il mène. De l’autre côté, le Maroc est soutenu majoritairement par des pays arabo-musulmans, tels que l’Arabie saoudite – qui, avec Israël, aidera à la construction du mur -, le Qatar, les Emirats arabes unis, l’Irak ou encore l’Egypte.
1991
Alors qu’un cessez-le-feu entre les forces armées du Front Polisario et les soldats marocains est évoqué à plusieurs reprises dans les années 1980, celui-ci entre finalement en vigueur le 6 septembre 1991, après que le Conseil de sécurité de l’ONU a donné son accord pour la création de la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso). Les conflits larvés, entre 1975 et 1990, auront causé la mort d’environ 16 000 personnes, Marocains, Mauritaniens et Sahraouis confondus, et le processus de paix, depuis 26 ans, connait des hauts et des bas diplomatiques. Et semble de plus en plus impossible à enclencher. En avril dernier, la mission onusienne a été reconduite pour un an, soit jusqu’au 30 avril 2018, alors que les regains de tensions sont fréquents.
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