Lundi dernier, le Conseil de sécurité de l’ONU s’est dit préoccupé par les allégations de violation du cessez-le-feu dans la ville portuaire.
Hier, le gouvernement yéménite et les rebelles Houthis se sont rencontrés en Jordanie, pour discuter de la mise en œuvre du programme d’échange de prisonniers, tel que convenu en décembre dernier lors des pourparlers de Stockholm (Suède). Selon l’envoyé spécial des Nations unies (ONU) pour le Yémen, Martin Griffiths, la réunion de trois jours, entre les deux parties belligérantes, doit servir à « finaliser la liste des prisonniers et des détenus à libérer et à échanger ». Cette opération, primordiale – aussi bien du côté loyaliste que rebelle -, donnerait d’après lui un élan certain aux négociations de paix en cours.
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« Le succès à cet égard est d’une importance capitale, non seulement pour ceux qui seront libérés et rendus à leurs familles, mais aussi pour le processus politique plus large dans lequel nous sommes engagés ensemble », a déclaré Martin Griffiths. La veille, un responsable de la Croix-Rouge, cité par l’agence AP, avait déclaré que l’accord sur lequel le gouvernement du Yémen et les Houthis se sont entendus à Stockholm était au point mort. Chaque partie exigeant la libération d’un plus grand nombre de prisonniers que ce que l’autre prétendait détenir.
Remettre les clés de la ville
Et il n’y a pas que le volet concernant l’échange de combattants qui pose problème. L’accord de décembre dernier, sous l’égide de l’ONU, prévoyait également un cessez-le-feu total dans la ville portuaire d’Hodeïda (ouest), qui reçoit environ 70 % des marchandises importées au Yémen. Et, depuis que le conflit a éclaté, il y a un peu plus de 4 ans, une grande partie de l’aide humanitaire, dont près de 20 millions de Yéménites sont tributaires. Problème : des affrontements sporadiques éclatent de temps à autres entre rebelles et forces gouvernementales, épaulées par les Saoudiens et, surtout, les Emiratis.
Certains experts affirment à ce titre que l’accord pose problème, en raison notamment de sa formulation vague concernant le devenir du premier port du pays, pour l’instant aux mains des Houthis. Ces derniers souhaitaient remettre les clés de la ville aux gardes-côtes qui s’y trouvaient avant la guerre, ce que la coalition saoudienne a refusé. De plus, il y a fort à parier qu’Abou Dabi, qui occupe actuellement une grande partie du sud du Yémen, ne tirera pas facilement un trait sur Hodeïda, alors que les Emirats arabes unis (EAU) cherchent à consolider leurs voies maritimes dans le golfe d’Aden et en mer Rouge.
« Signal encourageant »
Lundi 4 février, dans un communiqué, le Conseil de sécurité de l’ONU s’est dit préoccupé par les allégations de violation du cessez-le-feu, tout en rappelant « combien il était important de progresser sur la voie d’un accord politique » au Yémen. Non seulement pour « mettre un terme au conflit », mais également pour « soulager les souffrances du peuple yéménite ». Selon l’agence AP, plusieurs travailleurs humanitaires ont été arrêtés ces derniers jours, notamment dans la capitale, Sanaa, tenue par les Houthis. Ce qui a poussé l’ONU à appeler les parties à respecter impérativement le personnel humanitaire.
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Dimanche dernier, le Comité de coordination du redéploiement (CCR), chargé de superviser le cessez-le-feu à Hodeïda, a tenu sa 3ème réunion à bord d’un navire de l’ONU, amarré dans le port de la ville yéménite, en présence de représentants du gouvernement et des rebelles Houthis. L’occasion pour le général Cammaert, à la tête de cette instance – mais avec qui les Houthis avaient quelque différends -, de demander une dernière fois aux protagonistes de respecter l’accord de Stockholm sur la cessation des combats et le respect de l’aide humanitaire.
Les membres du Conseil de sécurité ont, de leur côté, appelé les parties « à coopérer de toute urgence avec le [nouveau] président du CCR et la Mission des Nations unies d’appui à l’accord d’Hodeïda (MINUHA) », le Danois Michael Lollesgaard. Qui aura donc à sa « disposition » quelque 75 observateurs civils, pour une durée initiale de 6 mois, afin de surveiller la trêve à Hodeïda et, plus globalement, la mise en place du processus politique entre rebelles et gouvernement yéménite. A cet égard, le Conseil de sécurité a salué la libération de prisonniers respectifs comme un « signal encourageant ».

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