Lors d’une prochaine réunion des fédérations nationales de football, il sera demandé à la FIFA d’indemniser les travailleurs migrants et les familles de ceux qui sont morts ou ont été blessés sur les projets de la Coupe du monde au Qatar.

Cette question sera soulevée par les responsables norvégiens du football lors de la réunion du Congrès de la FIFA qui se tiendra le 16 mars au Rwanda, a déclaré mercredi dernier le groupe de défense des droits humains Amnesty International. Il s’agira de la première réunion post-tournoi de plus de 200 fédérations.

« Vols de salaire »

La proposition norvégienne demande à la FIFA de respecter son engagement politique de fournir des recours lorsqu’elle a « causé ou contribué à des impacts négatifs sur les droits humains ». « C’est l’occasion pour Gianni Infantino, le président de la FIFA, d’arranger enfin les choses pour les travailleurs qui ont rendu le tournoi possible », a déclaré Steve Cockburn, responsable de la justice économique et sociale à Amnesty.

M. Infantino est en passe d’être réélu sans opposition au Rwanda, où la FIFA présentera son rapport annuel montrant que les réserves financières ont plus que doublé pour atteindre près de 4 milliards de dollars en 2022 en raison de la Coupe du monde.

Le Qatar a dépensé 200 milliards de dollars pour préparer la Coupe du monde. Des centaines de milliers de travailleurs du bâtiment, dont beaucoup viennent d’Asie du Sud, sont nécessaires pour construire des stades, des hôtels, des routes, des lignes de métro et d’autres projets clés.

Selon M. Cockburn, de nombreux travailleurs migrants au Qatar « ont subi des vols de salaire, des frais de recrutement illégaux, des blessures et même la mort ». Les travailleurs avaient peu ou pas de droits du travail liés à des contrats dans un système d’emploi qui a finalement été réformé à l’approche de la Coupe du monde.

Le nombre exact de morts et de blessés parmi les travailleurs a longtemps été contesté et difficile à prouver, en partie parce que le Qatar n’exigeait pas d’enquêtes.

La Norvège a pris la tête des organismes de football européens qui ont demandé à la FIFA de mettre en place un fonds d’indemnisation officiel. Les responsables du gouvernement qatari ont rejeté les appels similaires, les qualifiant de coup de publicité.

« Remédier aux abus »

M. Infantino a longtemps affirmé que la Coupe du monde était un catalyseur de changement, et a fait l’éloge du Qatar en tant que leader régional en matière de réformes sociales, avant d’utiliser une diatribe à la veille du tournoi contre les critiques européennes pour suggérer la création d’un fonds d’héritage à partir des revenus de la Coupe du monde.

Il a parlé d’un projet éducatif mondial et d’un « centre d’excellence du travail » en partenariat avec l’Organisation internationale du travail, soutenue par les Nations unies.

Cependant, M. Cockburn, d’Amnesty International, a déclaré qu’ « on ne sait toujours pas comment ces fonds seront utilisés, et si une partie de ces fonds sera déployée pour remédier aux abus ».

Un fonds du gouvernement qatari utilisé principalement pour rembourser les salaires impayés n’était, selon la fédération norvégienne de football, « ni accessible aux travailleurs qui ont quitté le pays, ni capable de soutenir les familles des travailleurs décédés parce que ces décès n’ont pas fait l’objet d’une enquête. »

La proposition de la Norvège à l’ordre du jour de la FIFA demande « un engagement à évaluer si elle a rempli sa responsabilité de réparation liée à la Coupe du monde 2022, y compris une enquête sur les décès et les blessures liés à la Coupe du monde, et si non, comment cette responsabilité peut être remplie. »

La FIFA est également invitée à veiller à ce que les recours et les réparations fassent partie d’une stratégie en matière de droits de humains pour tous les futurs tournois qu’elle organise.

 

Crédits photo : Le président de la FIFA, Gianni Infantino, lors d’une conférence de presse au Qatar (Flickr, Doha Stadium Plus Qatar).