En clôture de la conférence économique pour le Liban, Emmanuel Macron a souligné le rôle fondamental du pays au Proche-Orient.
La France a accueilli, aujourd’hui, la Conférence économique pour le développement du Liban par les réformes et avec les entreprises (CEDRE), en vue de soutenir l’économie de ce pays. La rencontre faisait partie des grands rassemblement prévus autour du Pays du Cèdre, comme celui du 15 mars dernier, à Rome, où il avait été question de soutien à l’armée libanaise pour la sécurité de la région. Ou encore comme celui qui se tiendra les 25 et 26 mai prochains à Bruxelles, pour évoquer la crise syrienne – et les pays, comme le Liban, qui accueillent des réfugiés. A Paris, près de 50 Etats et organisations internationales étaient présents, ainsi que des représentants du secteur privé et de la société civile. Et, évidemment, le Premier ministre libanais, Saad Hariri.
« Investissements économiques indispensables »
L’objectif de la conférence CEDRE était, pour la communauté internationale, de soutenir le développement et le renforcement de l’économie libanais, dans le cadre d’un plan global de réformes et d’investissements multiples préparé par les autorités libanaises. Et approuvé le 21 mars dernier, en Conseil des ministres. Celui-ci s’étale sur trois cycles de quatre ans, avec une enveloppe totale de 23 milliards de dollars. Parmi les donateurs attendus : les pays du Golfe, les Européens, l’Australie ou encore le Canada. « C’est un processus qui commence pour moderniser notre économie, réhabiliter nos infrastructures et libérer le potentiel du secteur privé pour mener une croissance durable et la création d’emplois pour les Libanais » comme l’a rappelé M. Hariri.
Et selon Emmanuel Macron, dont le discours a clôturé la conférence, « cette journée de travail a été fructueuse ». « Le Liban a été profondément marqué par les conflits qu’il a traversés mais également par ceux de la région, qui ont retardé les investissements économiques indispensables » a expliqué le chef de l’Etat français. Mais « le gouvernement [libanais] travail aujourd’hui pour répondre aux défis économiques, sécuritaire et humanitaire du pays », notamment parce qu’il « s’est engagé dans des réformes ». Et le président Macron de citer les secteurs de l’eau, de l’électricité, des marchés publics, des infrastructures, que Beyrouth a décidé d’améliorer.
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« Préserver un cadre démocratique »
Selon lui, la conférence CEDRE permettra de dégager plus de 11 milliards de dollars d’engagements publics – prêts concessionnels ou dons – ainsi que la mobilisation des engagements privés et le soutien d’entreprises. Mais elle n’aura de sens, a-t-il ajouté, que si elle est relayée par le « volontarisme » et « des institutions fortes », ainsi que par « un suivi précis de la part du nouveau gouvernement ». Car les Libanais éliront, le 6 mai prochain, les représentants du Parlement, après 9 ans de disette législative ; Emmanuel Macron d’appeler ainsi la nouvelle équipe à rester focalisée sur la transformation économique en cours dans le pays, dont les remous actuels, dans la région, rendent parfois la tâche difficile.
« Dans un Moyen-Orient secoué par les crises et meurtri par les guerres civiles, le Liban reste un modèle de pluralisme, de tolérance et d’ouverture dont nous avons besoin. Mais le Liban n’est pas une île ; il subit de plein fouet les effets des tensions régionales et d’abord de la crise syrienne. Il combat le terrorisme à ses frontières et en son sein. Avec plus d’un million de réfugiés, il a pris plus que sa part du fardeau de l’exil syrien. Je tiens ici à saluer l’exceptionnelle générosité dont font preuve les Libanais. » Jean-Yves Le Drian, ministre français des Affaires étrangères, lors de la conférence CEDRE, le 6 avril.
En novembre dernier, alors que Saad Hariri avait été contraint par le prince héritier saoudien, Mohamed ben Salman, d’annoncer sa démission depuis Riyad – à cause de la trop grande ingérence de l’Iran dans les affaires intérieures libanaises -, le président français avait reçu à l’Elysée le fils de l’ancien Premier ministre libanais, Rafiq Hariri, assassiné en 2005. Avec cette même volonté de « conserver un Liban stable », comme il l’a encore martelé aujourd’hui, alors que « le Levant traverse l’un des pires moments de son histoire – la crise en Syrie, le conflit israélo-palestienien ». « Le choix que votre pays a fait c’est d’avoir des institutions stables, de préserver un cadre démocratique et pluraliste, d’organiser des élections libres […] Ce choix peut être un exemple qui aidera à stabiliser toute la région » a estimé M. Macron.
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