A la tête de RKF Luxury Linen, implanté dans plus de soixante pays, Riadh Bouaziz veut instiller une dose de Tunisie dans ses créations.
RKF Luxury Linen, c’est l’histoire d’un leader tunisien, Riadh Bouaziz, à la tête d’une maison française, qui s’exporte à l’international. Une marque qui crée, sur-mesure, le linge de maison pour l’hôtellerie de luxe ou les spas des grandes marques de cosmétiques. Ses clients ? Accor, Ritz-Carlton, Anantara, Bulgari, Dior, Givenchy, Guerlain, ou encore Lancôme. Présente eu Europe et aux Etats-Unis, RKF a ouvert un bureau à Doha, en 2015, et grâce à sa filiale RKF Middle East, implantée à Dubai, la marque a même pu développer son activité dans la région du Moyen-Orient.
Tandis que son siège social est installé au Techn’hom de Belfort – et emploie une trentaine de salariés -, jusqu’à 200 personnes sont présentes sur les sites de production de Luxeuil (Haute-Saône) et dans les Vosges. RKF a également des « partenaires intégrés » en Italie, par exemple, pour des savoir-faire qui n’existent plus en France. Le travail du satin par exemple. Car Riadh Bouaziz est un amoureux du beau, et aime relever les challenges. L’enfant de Sfax (Tunisie) ne serait pas à la tête d’une entreprise qui fournit familles royales et célébrités sinon.
« Volonté de réussir »
« Nous avons eu le plaisir de collaborer avec La Cigale au Qatar et le Ritz-Carlton à Dubaï par exemple. Mais aussi avec le Spa Anantara à Oman, le Four Seasons Dubai et celui d’Abou Dabi, ou encore avec Liv Nordic ou Nikki Beach » égrène-t-il non sans fierté. « Ce sont à chaque fois de nouveaux challenges. Je pense encore notamment à la belle collaboration que nous entretenons avec le groupe Accor au niveau international. Il y encore d’autres projets d’ampleur qui sont pour l’instant confidentiels mais qui devraient faire grand bruit », promet Riadh Bouaziz.
Et on le croit ; l’entrepreneur tunisien n’est jamais à court d’idées. Le 6 mars dernier, lors d’un défilé réunissant l’hôtellerie de luxe et la mode à l’Hôtel d’Evreux, à Paris, dans le cadre de la Fashion Week, il a ainsi présenté « le concept produit ‘‘Everywhere Homewear’’, c’est-à-dire des vêtements d’intérieur que l’on peut porter à l’extérieur. Chacune des tenues est conçue dans des matières textiles ‘‘casual et cocooning’’ brevetées par RKF, et ornementée de véritables dentelles de Calais et de broderies de perles et plumes réalisées à la main » tient-il à préciser.
Un souci du détail et de la belle finition reconnu à l’international. En 2017, la marque a par exemple obtenu sept prix de design et d’innovation, entre les Etats-Unis et l’Europe, pour son concept du « peignoir comme objet de mode ». Une énième consécration, pour celui qui aime répéter qu’ « avec de la volonté on peut réussir. Je suis parti de Tunisie avec mon bac et mon sac à dos » rappelle-t-il. « Aujourd’hui, travailler dans la haute-couture et être présent dans 64 pays est certes agréable, mais je n’y suis parvenu que grâce à la volonté de réussir et la persévérance. »
« Sur mesure »
Mais Riadh Bouaziz n’en reste pas moins attaché à son pays natal. Il se décrit comme « l’ambassadeur de la Tunisie dans le monde, car [il] voyage énormément et parle souvent de la Tunisie. » On l’appelle, d’ailleurs, « le Sfaxien ». « Par rapport à mes origines, ce qui est très symbolique dans mon parcours » explique-t-il. Et si ses créations ne comportent pas de « touche » tunisienne, ce n’est qu’une question de temps. « Aujourd’hui, nous voulons surprendre et diversifier davantage nos créations, et cela passe nécessairement par une muse tunisienne » selon lui.
Et d’ajouter : « Je pense qu’il y a beaucoup de travail si nous voulons associer notre savoir-faire à la richesse traditionnelle tunisienne. D’ailleurs, il y aura une équipe de designers RKF qui m’accompagnera lors de la Fashion Week qui se tiendra à Tunis le 6 mai prochain » renseigne-t-il. Une occasion de leur faire découvrir la Tunisie, pour qu’ils y puisent une dose d’inspiration orientale. Riadh Bouaziz pense-t-il à habiller les officiels tunisiens, voire la présidence, d’ailleurs ? « Nous sommes ouverts à toute proposition » lâche-t-il avec malice.
Pour l’instant, ses créations se retrouvent dans la garde-robe de certains illustres ou dans leurs palais. Et il s’en contente. Ainsi en est-il, par exemple, du roi Salman d’Arabie saoudite, du prince Albert de Monaco, et même de Vladimir Poutine, pour qui il confectionne des peignoirs. « Sur mesure » précise-t-il. Sans lâcher un mot de plus.

Mounira Elbouti est doctorante et enseigante à l’IMT Business School. Elle s’intéresse à l’analyse de l’évolution des sociétés maghrébines post-« printemps arabe » et s’est spécialisée dans les questions de genre, de leadership et de transformation digitale. Elle a déjà collaboré avec le HuffingtonPost Maghreb, Le Mondafrique, Tunis Hebdo et Liberté Algérie.