Covid-19 : « Nous ne trouverons jamais les origines en comptant sur l’OMS »

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06.07.2021

Selon le professeur américain Lawrence Gostin, il conviendrait de créer une nouvelle entité chargée d’enquêter.

Alors que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) prépare la prochaine phase de son enquête sur le déclenchement de la pandémie de coronavirus, un nombre croissant de scientifiques affirment que l’agence des Nations unies n’est pas à la hauteur de la tâche et ne devrait pas être chargée de l’enquête.

De nombreux experts, dont certains ont des liens étroits avec l’OMS, affirment que les tensions politiques entre les États-Unis et la Chine ne permettent pas à l’agence de trouver des réponses crédibles. Ils affirment que ce qu’il faut, c’est une analyse large et indépendante, plus proche de ce qui s’est passé à la suite de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl en 1986.

La première partie d’une étude conjointe de l’OMS et de la Chine sur le mode de propagation du Covid-19 a conclu, en mars dernier, que le virus était probablement passé de l’animal à l’homme et qu’une fuite en laboratoire était « extrêmement improbable ». La prochaine phase pourrait tenter d’examiner plus en détail les premiers cas humains ou d’identifier les animaux responsables, comme la chauve-souris.

Mais l’idée que la pandémie ait commencé dans un laboratoire – et qu’elle ait peut-être impliqué un virus modifié – a gagné du terrain récemment, le président Joe Biden ayant ordonné un examen sous 90 jours de la part des renseignements américains pour évaluer cette possibilité.

Début juillet, le chef des urgences de l’OMS, le docteur Michael Ryan, a déclaré que l’agence mettait au point les derniers détails de la prochaine phase de son enquête et que, comme l’OMS travaille « par la persuasion », elle n’a pas le pouvoir de contraindre la Chine à coopérer. Selon certains, c’est précisément la raison pour laquelle un examen mené par l’OMS est voué à l’échec.

« Nous ne trouverons jamais les origines en comptant sur l’Organisation mondiale de la santé, a déclaré Lawrence Gostin, directeur du Centre de l’OMS sur le droit de la santé publique et les droits humains à l’université de Georgetown. Depuis un an et demi, les recherches ont été bloquées par la Chine, et il est très clair qu’il sera difficile d’aller au fond des choses. »

Selon M. Gostin, les États-Unis et d’autres pays peuvent soit essayer de rassembler les renseignements dont ils disposent, soit réviser les lois internationales sur la santé pour donner à l’OMS les pouvoirs dont elle a besoin, voire même créer une nouvelle entité chargée d’enquêter.

Si, dans un premier temps, la Chine s’est efforcée de rechercher l’origine du coronavirus, elle s’est brusquement arrêtée au début de l’année 2020, lorsque le virus s’est propagé dans le monde entier. Une enquête de l’agence américaine Associated Press, en décembre dernier, a révélé que Pékin avait imposé des restrictions à la publication des recherches sur le Covid-19, notamment un examen obligatoire par des fonctionnaires du gouvernement central.

 

Crédits photo : Peter Ben Embarek, membre de l’OMS, présente un tableau montrant les voies de transmission du Covid-19 lors d’une conférence de presse à Wuhan (Chine), le 9 février 2021 (AP Photo/Ng Han Guan).

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