Yémen : Ahmed Saleh promet d’éradiquer les Houthis du pays

|
06.12.2017

Les rebelles houthistes ont repris mardi le contrôle total de la capitale Sanaa.

Ahmed Ali Abdallah Saleh, le fils en exil de l’ancien président du Yémen, Ali Abdallah Saleh, a juré mardi de mener une campagne contre le mouvement Houthi qui a tué son père, après que celui-ci a changé de camp dans la guerre civile qui frappe le pays depuis trois ans. Au départ rangé du côté des rebelles houthistes – ces combattants chiites qui luttent contre les forces pro-gouvernementales -, l’ex-chef de l’Etat avait appelé la population de Sanaa, la capitale aux mains des Houthis, à se soulever contre eux. Une volte-face qui a entrainé une série d’affrontements armés entre rebelles et loyalistes, toujours en cours aujourd’hui.

« Sanaa l’Arabe »

Dans une déclaration envoyée à Reuters, Ahmed Ali Abdallah Saleh, ancien chef de l’élite de la Garde républicaine, a affirmé que son père avait été tué par « les mains des ennemis de Dieu et du pays », qu’il allait désormais « affronter » après que ceux-ci ont tenté « d’anéantir son identité et ses acquis et d’humilier le Yémen et les Yéménites ». Une intervention martiale qui offre au mouvement anti-Houthi à Sanaa une figure de proue potentielle. Le fils de l’ancien président yéménite a toujours été considéré comme son successeur pressenti, à la tête du Congrès général du peuple (CGP), son parti politique, voire en tant que futur chef de l’Etat.

Abdrabbo Mansour Hadi, l’actuel président yéménite, a quant à lui exhorté ses troupes à reprendre la capitale, où l’alliance entre rebelles a volé en éclat après la désolidarisation de M. Saleh. Baptisée « Sanaa l’Arabe », l’opération de reconquête, lancée dès lundi, consiste pour les forces loyalistes à encercler la ville. Ceci avec l’aide de la coalition de pays musulmans qui épaule l’armée yéménite depuis mars 2015. Emmené par l’Arabie saoudite, ce groupe d’une dizaine de membres tente depuis plus de deux ans de contenir les Houthis, situés dans l’ouest du pays.

Détestation de l’Iran

Certains points tenus par les rebelles ont ainsi été bombardés, comme l’aéroport et le ministère de l’Intérieur, par la coalition internationale, qui a demandé à la population de se tenir éloignée des zones houthistes. Le gouvernement de M. Hadi a par ailleurs annoncé qu’il offrirait l’amnistie à tous ceux qui ont collaboré avec les Houthis mais auraient décidé de se rétracter, ceci afin de les affaiblir. Même son de cloche du côté d’Ahmed Ali Abdallah Saleh, qui a affirmé qu’il mènerait « la bataille jusqu’à ce que le dernier Houthi soit expulsé du Yémen. »

A lire : Les origines du conflit au Yémen

Un objectif en commun qui ne signifie pas pour autant une alliance entre les clans de M. Hadi et d’Ali Abdallah Saleh. Celui-ci avait décidé de s’allier aux rebelles houthistes, en 2014, pour reprendre le pouvoir dont il avait été chassé en 2012, après le « printemps yéménite ». Il se pourrait qu’Ahmed Ali Saleh, qui souhaite pour l’instant « venger la mémoire de [son] père », décide de reconquérir l’influence perdue et s’oppose à l’actuel chef de l’Etat. Un terrain d’entente, cependant, entre les deux parties : leur commune détestation de l’Iran, soutien des Houthis. Ce qui les place également sur la même ligne que l’Arabie saoudite.

 

Partages