Le Haut Commissariat de l’ONU pour les réfugiés a « un besoin urgent de 198,7 millions de dollars en 2018 ».
La situation humanitaire au Yémen ne s’arrange pas. Dans une note publiée hier, le Haut Commissariat des Nations unies (ONU) pour les réfugiés (HCR) s’est alarmé du sort réservé aux Yéménites, « confrontés à de multiples crises » selon lui. Depuis bientôt trois ans, une coalition de pays arabes emmenés par l’Arabie saoudite épaule l’armée du président yéménite, Abd Rabbo Mansour Hadi, dans sa lutte contre les rebelles Houthis. Riyad, qui dirige les opérations aériennes – quand les Emirats arabes unis (EAU) possèdent des forces terrestres -, est régulièrement accusée de bombarder « à l’aveugle », ciblant à la fois militaires et populations civiles. De leur côté, les combattants houthistes, d’obédience chiite, ont effectué à plusieurs reprises des tirs de missiles visant la capitale saoudienne.
« Déficit de financement »

« Le conflit au Yémen a laissé 22,2 millions de personnes, soit 75 % de la population, dans le besoin d’aide humanitaire et des millions de personnes sont exposées à des risques pour leur sécurité et luttent pour survivre » note le Haut Commissariat. Selon qui, depuis le début de l’année 2018, les Yéménites font face non seulement à des conflits armés, mais également des déplacements massifs et un risque de famine et des épidémies de maladies, y compris le choléra. Tout ceci concourant à faire de la situation au Yémen « la pire crise humanitaire du monde ». « D’après le dernier Bilan des besoins humanitaires du Yémen, plus de 5,4 millions de personnes ont [ainsi] besoin d’une assistance sous forme d’abris ou d’articles de première nécessité » renseigne le HCR.
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L’escalade des hostilités, fin 2017, a provoqué de nouveaux déplacements, empêché le retour en toute sécurité et augmenté la demande de capacités d’intervention d’urgence du Haut Commissariat, avec plus de deux millions de personnes déplacées. L’espace de protection pour 280 000 réfugiés et demandeurs d’asile continue également à diminuer, ce qui entraîne de graves lacunes en matière de protection. « Les réfugiés courent un risque accru d’exploitation en l’absence de moyens de subsistance et d’une dépendance croissante à l’égard de l’aide » indique même le communiqué, faisant également part du « déficit de financement » auquel fait face le HCR, qui a un « besoin urgent de 198,7 millions de dollars en 2018 » pour remplir ses missions.
Séparatisme sudiste
« Plus que jamais, le Haut Commissariat accordera la priorité au maintien et au renforcement de sa capacité à mobiliser rapidement, de manière fiable et efficace pour faire face aux situations d’urgence, et à renforcer la protection des personnes relevant de sa compétence, notamment par l’élargissement du programme de financement » renseigne-t-il. Au cours de l’année 2018, le HCR mettra ainsi particulièrement l’accent sur les activités qui contribueront à promouvoir la protection et les solutions en faveur des réfugiés, des demandeurs d’asile, des personnes déplacées et des rapatriés au Yémen. Dont le nombre, vu la situation quasi inextricable du conflit, n’est pas près de diminuer.
Alors que de nombreux acteurs appellent à un règlement politique de la guerre entre Houthis et forces progouvernementales, des séparatistes sudistes, depuis quelque temps, se révoltent contre les autorités yéménites, qu’ils accusent notamment de corruption. Fin janvier, ils avaient par exemple tenté de prendre d’assaut le palais présidentiel à Aden, la deuxième ville du pays, tandis que la capitale, Sanaa, est déjà aux mains des milices houthistes. Sans parler de l’opposition régionale entre l’Iran – accusé de fournir des armes à ces derniers – et l’Arabie saoudite, qui se joue indirectement sur le sol yéménite.
Plan d’intervention humanitaire
En novembre dernier, en réponse à un tir de missile – vraisemblablement de conception iranienne – effectué depuis le Yémen par les rebelles, Riyad avait instauré un blocus autour du pays. La situation humanitaire s’était alors fortement dégradée, et le patron du Bureau des affaires humanitaires de l’ONU, Mark Lowcock, avait été obligé d’appeler l’Arabie saoudite à faire marche arrière, alors que 7 à 8 millions de personnes étaient « au bord de la famine » selon lui. Après quoi les Saoudiens avaient autorisé l’aide humanitaire à transiter de nouveau dans le pays.
Le 21 janvier dernier, les Nations unies, de concert avec certains partenaires humanitaires, ont lancé un plan d’intervention humanitaire pour 2018 nécessitant quelque 3 milliards de dollars. Ceci pour venir en aide aux 22 millions de personnes dans le besoin – soit 3,4 millions de plus que l’an dernier – dont 11 millions de manière sérieuse.
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