Le Conseil de sécurité de l’ONU a accordé un mois aux belligérants pour parvenir à un accord de paix.
Les gens souffrent « à une échelle presque inimaginable » au Soudan du Sud, a déclaré lundi le sous-secrétaire des Nations unies (ONU) chargé des affaires humanitaires (OCHA), Mark Lowcock. Tout en ajoutant qu’il se félicitait de l’annonce faite par les Etats-Unis de revoir le montant de l’aide américaine à ce pays déchiré par cinq années de guerre civile. Qui ont laissé 7,1 millions de personnes, soit plus de la moitié de la population du pays, dans le besoin humanitaire selon lui.
« Pourparlers ratés »
« Les choses continuent d’empirer » a-t-il souligné depuis Genève, après avoir dénoncé la « tactique de la terre brûlée » des belligérants, ainsi que les échecs répétés des négociations pour résoudre les combats. Entre, d’un côté, les troupes loyales au président Salva Kiir et, de l’autre, son ancien adjoint et vice-président, Riek Machar. Même les récents pourparlers de paix, organisés en mai dernier dans la capitale éthiopienne, Addis Abeba, par l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), ont échoué.
« Un autre cycle de pourparlers ratés » a regretté M. Lowcock, tout en fustigeant les déclarations de cessez-le-feu lâchées à tout-va – une « fiction », selon lui, les combats se poursuivant. En décembre dernier, une première étape vers la paix avait pourtant été franchie avec la signature d’un arrêt des hostilités. Qui n’a cependant jamais vraiment été respecté. Les institutions internationales évoquant de leur côté une baisse du niveau général de la violence.
Résultat inadmissible
Un constat bienvenu, au vu du bilan humain déjà catastrophique – il y aurait entre 50 000 et 300 000 morts et près d’1 million de réfugiés -, les gouvernements étrangers ainsi que l’Union européenne (UE) cherchant par ailleurs à améliorer la sécurité des travailleurs humanitaires et faire en sorte que les « hommes armés se comportent différemment » a expliqué Mark Lowcock. Le mois dernier, par exemple, le nombre de ces travailleurs humanitaires avait atteint « environ 2 millions de personnes » d’après lui.
Quant au financement international, le responsable des affaires humanitaires de l’ONU a annoncé qu’il n’était pas question de le réduire. Car sans cette aide, la situation « serait bien pire », le Soudan du Sud restant « l’endroit le plus dangereux pour un travailleur humanitaire » ; depuis le début des combats en 2013, une centaine de personnes a ainsi perdu la vie. Un résultat inadmissible, pour M. Lowcock, qui a estimé que « les choses ne peuvent pas continuer ainsi ». La priorité ? Un changement « dans la manière dont les belligérants se comportent. »
Embargo sur les armes
Et il aurait été difficile d’obtenir une évolution favorable du conflit sans la poursuite de l’aide américaine, alors que les Etats-Unis devraient bientôt procéder à un examen de leur assistance au Soudan du Sud selon l’OCHA. En plus de dénoncer régulièrement les agissements – ou l’inaction, c’est selon – des parties soudanaises à la tribune de l’ONU, la diplomatie américaine a, en février dernier, annoncé un embargo sur les armes au Soudan du Sud, espérant que d’autres pays suivraient.
D’après Mark Lowcock, une telle décision ne pourrait émaner que du Conseil de sécurité de l’ONU, où certains membres, d’ailleurs, l’envisageraient. Le 31 mai dernier, l’instance onusienne a également voté une résolution, donnant un mois aux acteurs du conflit sud-soudanais pour parvenir à un accord de paix. Sans quoi les diplomates pourraient sanctionner de nouveaux individus, dont des ministres, et décider d’un embargo sur les armes effectif.
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