La marche, dans la vieille ville de Jérusalem, est considérée par les Palestiniens comme une provocation.
La police israélienne a déclaré lundi qu’elle avait bloqué une procession prévue par des ultranationalistes juifs dans certaines parties de la vieille ville de Jérusalem, suite à des avertissements selon lesquels elle pourrait raviver les tensions qui ont conduit à une guerre punitive de 11 jours avec les dirigeants militants du Hamas à Gaza le mois dernier.
Le défilé, qui célèbre la prise de Jérusalem-Est par Israël lors de la guerre du Proche-Orient en 1967, était en cours le 10 mai lorsque le Hamas a tiré des roquettes depuis Gaza en direction de la ville sainte, déclenchant de violents combats. Quelque 254 personnes ont été tuées à Gaza et 13 en Israël avant qu’un cessez-le-feu n’entre en vigueur le 21 mai.
La guerre a été précédée de semaines d’affrontements entre la police israélienne et des manifestants palestiniens dans la vieille ville et dans le quartier voisin de Sheikh Jarrah, où des colons juifs mènent depuis des décennies une campagne visant à expulser des familles palestiniennes de leurs maisons.
Le procureur général d’Israël a refusé lundi d’intervenir dans le cas de plusieurs de ces familles, ce qui rend plus probable l’exécution des expulsions, éventuellement dans les semaines à venir. Cela pourrait également raviver la violence.
La procession, qui devait passer par le quartier musulman de la vieille ville, est considérée par les Palestiniens comme une provocation.
Dans une déclaration, la police a indiqué que la proposition d’organiser le défilé plus tard dans la semaine n’avait pas été approuvée, mais que de nouveaux plans seraient envisagés. Les organisateurs ont accusé la police de céder à la pression du Hamas.
Bezalel Smotrich, chef du parti d’extrême droite Sionisme religieux, a adressé sur Twitter un avertissement au Premier ministre Benjamin Netanyahou « de ne pas céder aux menaces du Hamas ».
Un regain de tensions à Jérusalem-Est ou des combats avec le Hamas pourraient compliquer la politique chancelante d’Israël. La semaine dernière, les opposants de M. Netanyahu ont déclaré avoir formé une coalition qui pourrait démettre le Premier ministre de ses fonctions après un mandat de 12 ans. La nouvelle coalition devrait prêter serment dans les prochains jours.
Au cours du week-end, la police israélienne a arrêté puis relâché un journaliste chevronné de la chaîne satellitaire Al Jazeera qui couvrait régulièrement les manifestations de Sheikh Jarrah. Et dimanche, les autorités ont pris d’assaut le domicile d’une militante de premier plan du quartier, l’arrêtant ainsi que son frère. Les frères et sœurs ont ensuite été libérés.
Avant la libération de Muna al Kurd, la police a brièvement affronté la foule à l’extérieur de la gare, lançant des grenades paralysantes sur les manifestants.
Lors de la guerre de 1967, Israël s’est emparé de Jérusalem-Est, qui abrite des sites sacrés pour les juifs, les chrétiens et les musulmans, et l’a annexée, ce qui n’a pas été reconnu au niveau international. Israël considère l’ensemble de la ville comme sa capitale, tandis que les Palestiniens veulent faire de Jérusalem-Est la capitale de leur futur État.
Les colons utilisent une loi de 1970 qui permet aux Juifs de récupérer des propriétés anciennement juives perdues pendant la guerre de 1948 qui a entouré la création d’Israël, un droit refusé aux Palestiniens qui ont perdu des propriétés dans le même conflit. Au moins 150 ménages palestiniens, à Sheikh Jarrah et dans le quartier de Silwan, tous deux situés près de la vieille ville, risquent d’être expulsés à terme.
Les menaces d’expulsion ont été largement critiquées au niveau international, notamment par les États-Unis, l’allié le plus proche d’Israël.
Crédits photo : Le 10 mai dernier, durant la Journée de Jérusalem (AP Photo/Ariel Schalit).