11-Septembre : les familles des victimes pointent la responsabilité du gouvernement saoudien

Un homme dans l’entourage du gouvernement saoudien a-t-il aidé les premiers « pirates » sur le sol américain ?

À l’approche du 20e anniversaire des attentats terroristes du 11 septembre 2001, les familles des victimes font pression sur les tribunaux pour qu’ils répondent à ce qu’ils considèrent comme des questions persistantes sur le rôle du gouvernement saoudien. L’action en justice qui accuse l’Arabie saoudite d’être complice a fait un grand pas en avant cette année avec l’interrogatoire sous serment d’anciens responsables saoudiens, mais ces dépositions restent sous scellés et les États-Unis ont retenu une foule d’autres documents jugés trop sensibles pour être divulgués.

Long procès 

Ce manque d’informations a exaspéré les familles qui ont tenté de faire valoir que le gouvernement saoudien avait facilité les attentats. Les enquêtes précédentes ont mis en évidence des liens entre des ressortissants saoudiens et certains des pirates de l’air, mais n’ont pas établi que le gouvernement était directement impliqué.

« L’équipe juridique et le FBI, les agences d’investigation, peuvent connaître les détails de la mort de mon père et de milliers d’autres membres de la famille, mais les personnes les plus concernées ne peuvent pas le savoir, s’est ému Brett Eagleson, dont le père, Bruce, figurait parmi les victimes dans les décombres du World Trade Center. C’est ajouter du sel à une blessure ouverte pour tous les membres des familles du 11-Septembre ».

Les avocats des victimes prévoient de demander à un juge de lever une ordonnance de protection afin que leurs clients puissent avoir accès aux documents secrets du gouvernement ainsi qu’aux témoignages des personnes clés interrogées au cours de l’année écoulée. Bien que les avocats des plaignants ne soient pas en mesure de discuter de ce qu’ils ont appris lors des dépositions, ils insistent sur le fait que les informations qu’ils ont recueillies confirment leur hypothèse de complicité saoudienne.

« Nous sommes dans une situation où ce n’est que maintenant, grâce aux documents que nous avons obtenus, à ce que nos enquêteurs ont découvert et aux témoignages que nous avons recueillis, que cet iceberg qui était sous l’eau » remonte à la surface, a déclaré l’avocat James Kreindler.

Le gouvernement saoudien, de son côté, a nié tout lien avec les attentats. Mais la question préoccupe depuis longtemps les enquêteurs et est au cœur d’un long procès intenté à Manhattan au nom de milliers de victimes. La question a pris de l’ampleur non seulement parce que 15 des 19 pirates de l’air étaient saoudiens – tout comme Oussama ben Laden, le cerveau de l’attentat -, mais aussi parce que l’on soupçonne qu’ils ont dû être aidés à s’orienter dans la « société occidentale », précise l’agence américaine Associated Press (AP), compte tenu de leur faible connaissance des États-Unis.

« Candidat improbable »

Les documents publiés au cours des deux dernières décennies, notamment par la Commission du 11-Septembre, ont décrit en détail de nombreux liens avec l’Arabie saoudite, mais n’ont pas prouvé la complicité du gouvernement. Ils montrent comment les premiers pirates de l’air arrivés aux États-Unis, Nawaf al-Hazmi et Khalid al-Mihdhar, ont été rencontrés et aidés par un ressortissant saoudien en 2000. Cet homme, Omar al-Bayoumi, qui les a aidés à trouver et à louer un appartement à San Diego, avait des liens avec le gouvernement saoudien et avait attiré l’attention du FBI, selon les enquêteurs.

« Parmi les contacts de Bayoumi figurait Fahad al-Thumairy, à l’époque diplomate accrédité au consulat saoudien de Los Angeles, qui, selon les enquêteurs, dirigeait une faction extrémiste dans sa mosquée. Bayoumi et Thumairy ont quitté les États-Unis quelques semaines avant les attentats », renseigne également AP.

La Commission du 11-Septembre, qui a établi le compte rendu le plus important de la période précédant les attentats, a détaillé ces liens mais a estimé que Bayoumi était un « candidat improbable pour une implication clandestine » avec des extrémistes islamiques. Elle a déclaré que s’il était logique de considérer Thumairy comme un contact possible pour les pirates de l’air, les enquêteurs n’ont pas trouvé de preuves qu’il les ait effectivement aidés.

De manière plus générale, la commission a déclaré en 2004 qu’elle n’avait trouvé aucune preuve que le gouvernement saoudien ou de hauts responsables saoudiens avaient financé Al-Qaida, même si elle a noté que des organisations caritatives liées à l’Arabie saoudite auraient pu détourner des fonds vers le groupe.

 

 

Crédits photo : Brett Eaglesone, le fils d’une victime de l’attaque terroriste du 11-Septembre, aux États-Unis, devant la stèle en la mémoire de son père Bruce (AP Photo/Jessica Hill).

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