« Aura-t-on droit à l’analyse des répercussions et handicaps divers dus au port continu du masque ? », se demande Rorik Dupuis Valder.
Ici et là, la crise « sanitaire » du Covid-19, animée par le petit théâtre médiatico-politique à bout de souffle, aura été avant tout une formidable leçon de discrédit des élites dirigeantes, définitivement soumises aux logiques morbides des lobbies du pouvoir profond — pharmaceutiques, financiers et confessionnels —, en témoignent aujourd’hui les conséquences humaines désastreuses des mesures ultra-restrictives, aussi aberrantes que précipitées, infligées par ce qui ressemble de près ou de loin au « gouvernement mondial » voulu par les pontes increvables de la globalisation.
Mise en quarantaine forcée de populations saines, contrôle administratif et policier des libertés fondamentales de réunion et de circulation, privation d’instruction, d’activité physique et de vie sociale pour des millions d’enfants à travers le monde, ruine des petites et moyennes entreprises, paralysie des activités touristiques et échanges internationaux, etc. Maintenant, faisons les comptes : combien de chômeurs, de dépressifs, d’obèses, d’affamés, d’accros et de victimes de la captivité ?
À cela s’ajoutera le folklore hygiéniste de rigueur, à coups d’auto-bâillonnement, de suspicion sociale, de délation citoyenne et de « rituels barrières » des plus infantilisants… Malgré la menace réelle, aussi volatile, fatale et incontrôlable que l’est celle de la grippe chaque hiver, nous devons persister à croire que ces mesures totalitaires et humiliantes n’auront en rien entamé le désir d’émancipation d’un peuple en ébullition, Covid-19 ou pas — celui-ci n’ayant jamais douté de la mortalité de l’être humain…
Alors, la vie continue, non ? Soyons confiants et responsables, voilà tout ; ce que les plus craintifs ou les moins honnêtes s’empressent d’appeler « inconscience » chez les néo-résistants démasqués n’étant en fait qu’une forme supérieure de détermination des citoyens alertés face à la dictature informative en période d’essai, celle-ci empruntant abusivement le champ lexical de la « démocratie » au nom de la sacro-sainte Sécurité, qui relèverait ici de la « protection sanitaire ». Gardons cependant à l’esprit que la première des polices, comme la première des médecines, n’est ni universelle ni institutionnelle : elle est locale et citoyenne, reposant sur le principe basique de responsabilisation et de solidarisation des individus. Or ce n’est pas en les terrorisant et en les culpabilisant qu’on en fera des êtres équilibrés…
Statistiquement, le citadin pressé serait plus inspiré de veiller en priorité à ne pas se faire faucher par un chauffard en plein ébat téléphonique plutôt que de se priver lâchement de tout contact étranger, dont on sait qu’il est absolument essentiel dans l’immunisation des corps en société… Celui-ci n’aurait-il pas ainsi retrouvé, par la force des choses ou par sursaut de pragmatisme, la nécessité du sport, de l’échange, de l’effort intellectuel, de la conscience écologique et de la discipline alimentaire dans le chaos de la pandémie ?
De la même façon que les médias d’État auront tenté de réprimer les populations par le décompte stupide et fondamentalement invérifiable des cas de Covid-19, aura-t-on droit au dénombrement tout aussi rigoureux, outre celui des enfants abusés ou des femmes battues durant cet épisode scandaleux de quarantaine préventive mondialisée, des pathologies liées à l’enfermement, la promiscuité, au stress, à l’isolement et à la surexposition aux écrans ?
Aura-t-on droit, avec la même transparence, à l’analyse des répercussions et handicaps divers dus au port continu du masque pour des milliers d’employés, de commerçants et de fonctionnaires, à qui l’on aura imposé l’obstruction des voies respiratoires et la défiguration mimétique par le bâillon prétendument protecteur — qu’ils auront eu au moins le loisir macabre de customiser —, tenant davantage du grigri sectaire ou de l’accessoire dystopique en vue d’apeurer les enfants ?
Et si l’on mesurait l’impact psychologique de la virtualisation à tout-va comme du masquage généralisé des visages, des expressions, sur le développement cognitif, le besoin de sociabilisation et la perception sensorielle des jeunes enfants ?
Que dire d’un vaccin conçu à la hâte, aux origines hautement douteuses, potentiellement plus nocif que le virus lui-même, espéré sottement telle la drogue providentielle d’un messie aux tendances fâcheusement mercantiles ?
Sauf quelques sujets zélés, limités ou tétanisés, de nature hystérique ou sous emprise médiatique, l’on se sera aperçu que le bon sens populaire est infaillible, et finit toujours pas reprendre le pas sur la politique de la peur et de l’absurde. Les gens sont, fondamentalement, libres. Libres de conscience et d’esprit. Là où l’on constate que même dans le contrôle de masse les gouvernements s’avèrent mauvais, se trahissant trop rapidement par leur bureaucratisme décomplexé, leur lobbying acharné, leur incapacité constitutive à la coordination et la stratégie.
À vrai dire pas de surprise, c’est bien là le résultat de décennies de calculs politiques malhonnêtes, hermétiques et déshumanisants, de centralisation, de spéculation, de conceptualisation stérile et d’ultralibéralisme aveugle, ignorant tout à fait le réel : celui que connaît pourtant la majorité silencieuse et laborieuse d’un peuple qui n’aspire qu’à un minimum d’équité, faute de quelque espoir durable d’ambition sociale.
En effet, cette « crise sanitaire » mondiale ou tentative de suicide collectif de l’indépendance — d’esprit et de production — aura été formidablement révélatrice : elle nous aura prouvé en dernière instance, s’il le fallait encore, qu’aucune manœuvre humaine — aussi technologique ou criminelle soit-elle — ne dépasse, à terme, les lois immuables de la nature.
À l’heure où des « démocraties » d’Europe comme des gouvernements d’Afrique ou d’Asie confinent en prison d’État des journalistes, penseurs dissidents et « conspirationnistes », pour leur seule recherche de sens, pour des révélations accablantes ou des idées courageusement formulées, allant à l’encontre de la vision unique autorisée, afin de laisser le champ libre aux propagandistes de seconde zone, aux terroristes de l’information et du dogme sanitaire, il se pourrait bien que cette majorité citoyenne, excédée par son infantilisation ultime, se réveille prochainement dans le monde cruel des adultes et décide, par intuition ou désespoir, de se faire entendre, en un appel civilisationnel qui, au-delà des vertus radicales du « dégagisme » profond toujours plus légitime, ne traduirait en fait qu’un désir universel de vérité.
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Reporter photographe indépendant et enseignant basé au Maroc, Rorik Dupuis Valder a notamment exercé en Égypte auprès des enfants des rues, s’intéressant particulièrement aux questions liées à l’éducation, la protection de l’enfance et aux nouvelles formes de colonialisme.