Washington a définitivement tiré le rideau du déploiement des troupes US au nord de la Syrie. Une opération particulièrement risquée.
Annoncé au début de l’année par un Donald Trump plutôt prudent, le retrait de l’oncle Sam de Syrie est appelé à rapidement se concrétiser. Le locataire de la Maison Blanche a en effet confirmé lundi 7 octobre que la présence américaine sur le territoire ne présentait plus d’intérêt réel après la chute de l’Etat islamique. Près de 2000 soldats vont donc bientôt rentrer au bercail.
Les vannes bel et bien ouvertes
Une décision lourde de conséquence puisque les Etats-Unis, alliés des forces kurdes syriennes (YPG) dans la lutte contre le djihadisme, laissent désormais le champ libre aux autorités turques d’en découdre avec ces mêmes kurdes, ennemis jurés du président Erdogan et par extension d’Ankara. Un postulat, qui au passage, vaut également pour les alliés de Damas et de Bachar el-Assad : à savoir la Russie et l’Iran, véritable chimère de l’administration Trump et de Tel Aviv.
C’est donc sans surprise que le gouvernement turc prévoit déjà une offensive imminente sur les positions kurdes stationnées non loin de la frontière syrienne. Une information confirmée ce matin par R. Erdogan :
« On pourrait entrer en Syrie n’importe quelle nuit sans prévenir. Il est absolument hors de question pour nous de tolérer plus longtemps les menaces provenant de ces groupes terroristes. »
Trump tempère malgré tout
Si Donald Trump a d’abord fait preuve d’un empressement habituel pour se justifier en affirmant que « la Turquie, l’Europe, la Syrie, l’Iran, l’Irak, la Russie et les Kurdes (devront eux-mêmes) résoudre (le dossier syrien) » – tout en faisant le procès « de guerres ridicules, sans fin, dont beaucoup sont tribales » – l’intéressé s’est par la suite montré plus schizophrénique.
Selon Les Echos, « ce revirement a (en effet subi un vaste courroux sur le sol américain). (Et cela), jusque dans les rangs de la majorité de Trump au Congrès. Le sénateur républicain, Lindsey Graham, l’un des plus proches du président, a notamment déclaré que ce choix était ‘porteur de désastre’. Pour lui, une telle décision ‘(engendrera de facto) la résurgence de l’EI’, ‘la destruction des relations entre la Turquie et le Congrès américain’, ‘forcera les Kurdes à se rapprocher de Bachar el-Assad’ et ‘entachera l’honneur des Etats-Unis’ ».
… Et menace Ankara
Un message reçu 5/5 par l’ex-magnat de l’immobilier, qui a immédiatement menacé Ankara de représailles si les projets de Recep Erdogan étaient mis à exécution.
« Si la Turquie fait quelque chose que, dans ma grande et incomparable sagesse, je juge hors des limites, je détruirai complètement l’économie turque », a-t-il ainsi martelé sur Twitter.
Une mise en garde proche de celle lâchée en grande pompe par l’intéressé au mois de janvier dernier.
A bon entendeur donc…
