Arabie saoudite : peine de prison confirmée pour Abdulrahman al-Sadhan

Le travailleur humanitaire de 37 ans avait été arrêté en mars 2018 dans les bureau du Croissant-Rouge à Riyad.

Un tribunal en Arabie saoudite a confirmé, mercredi en fin de journée, la peine de prison de 20 ans infligée à un travailleur humanitaire saoudien, qui avait critiqué le gouvernement sur Twitter, s’attirant une réprimande publique de la part des États-Unis, dans ce que l’agence américaine Associated Press (AP) présente comme « un nouveau signe de tension entre l’administration Biden et le royaume ».

Accusés d’espionnage

L’affaire qui concerne le jeune Saoudien, Abdulrahman al-Sadhan, pourrait trouver son origine dans un « stratagème » qui a débuté dans la Silicon Valley, selon AP, et a donné lieu à une procédure fédérale contre deux employés de Twitter, accusés d’espionnage pour le compte de l’Arabie saoudite. Les deux hommes auraient accédé aux données des utilisateurs de plus de 6 000 comptes, dont près de trois douzaines de noms d’utilisateur que le royaume saoudien voulait voir divulgués.

La famille de M. Al-Sadhan a déclaré que son identité figurait parmi celles qui ont été « offertes » aux autorités saoudiennes en tant que personne à l’origine d’un compte Twitter anonyme en arabe, qui était très suivi et critiquait le gouvernement. « Son cas est le dernier exemple en date de la répression continue contre ceux qui critiquent le gouvernement saoudien et le prince héritier, Mohammed ben Salman. Il montre également jusqu’où les autorités sont allées pour les réduire au silence », précise AP.

Petite différence cependant : la sévérité de la sentence d’Abdulrahman al-Sadhan, et, surtout, les liens avec une enquête du FBI et une affaire fédérale, en Californie, contre les deux hommes accusés d’espionnage pour le compte de Riyad. Les autorités saoudiennes n’ont fait aucun commentaire sur la procédure judiciaire, y compris sur le dernier jugement. Le tribunal, quant à lui, n’a pas rendu la décision publique, qui interdit également au travailleur humanitaire de 37 ans de voyager pendant 20 ans une fois sorti de prison.

Relations tendues

Sa sœur, Areej, qui possède la double nationalité saoudienne et américaine et vit en Californie, a confirmé cette décision à AP mercredi. En revanche, elle affirme que son frère n’était pas un activiste, simplement qu’il était, en sa qualité de travailleur humanitaire, bien conscient des défis économiques et sociétaux auxquels les jeunes Saoudiennes et Saoudiens font face. Abdulrahman al-Sadhan, rappelle-t-elle, a disparu en mars 2018, après que des forces de sécurité ont pénétré dans le bureau du Croissant-Rouge à Riyad, où il travaillait.

Le département d’État américain, qui ne commente pas souvent les cas individuels de militants saoudiens des droits humains, a déclaré mercredi dans un communiqué qu’il était déçu que la peine initiale ait été confirmée, affirmant que « l’exercice pacifique des droits universels ne devrait jamais être un délit punissable ». Les relations entre le royaume et l’administration Biden, depuis janvier dernier, sont tendues, malgré les efforts de l’Arabie saoudite pour libérer certains militants et rétablir les liens avec le Qatar.

Pour rappel, l’une des premières mesures de M. Biden en tant que président a été de mettre fin au soutien des États-Unis à la guerre menée par l’Arabie saoudite au Yémen. Il a également ordonné la déclassification d’un rapport des services de renseignement américains impliquant le prince héritier saoudien dans l’assassinat du journaliste et critique Jamal Khashoggi, dans le consulat du royaume à Istanbul, en octobre 2018. Le mois dernier, Washington a retiré ses défenses antimissiles du royaume, alors que celui-ci continue de faire face à des attaques de drones et de missiles éparses de la part des Houthis, soutenus par l’Iran au Yémen.

 

Crédits photo : Sur cette photo fournie par la famille d’Abdulrahman al-Sadhan, le jeune homme pose avec sa sœur lors de sa remise de diplôme, à l’Université Notre Dame de Namur, une université catholique privée, à Belmont, en Californie, le 4 mai 2013 (AP Photo).

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