A Hassakeh par exemple, l’afflux de populations de ces dernières semaines a entraîné une « pénurie de logements » selon Care.
Alors que le nord-est de la Syrie s’apparente toujours à un territoire meurtri, près d’un mois après l’offensive turque contre les Kurdes, l’hiver commence à pointer le bout de ses températures négatives, précarisant d’autant plus les conditions de vie des dizaines de milliers de personnes déplacées à la suite des opérations militaires. Forcées de fuir leurs habitats en abandonnant tout derrière elles, la plupart n’ont que les vêtements qu’elles portaient sur le dos au moment de fuir. Si bien que la nuit, lorsque le mercure descend sous la barre des -10 degrés, « les personnes déplacées n’ont rien pour se couvrir ou se chauffer », alerte l’ONG Care, présente sur place, dans un communiqué.
« Pénurie de logements »
« Les personnes déplacées se sont réfugiées dans d’anciennes écoles délabrées, abandonnées depuis le début de la guerre. Ce ne sont pas des endroits adaptés pour accueillir des familles : les portes et les fenêtres sont brisées, rien ne les protège des intempéries, déplore Aleksandar Milutinovic, directeur de l’organisation en Syrie. Il n’y a même pas de tapis ou de couvertures. Les plus pauvres n’ont avec eux que les vêtements qu’ils portaient lorsqu’ils ont fui, il y a un mois, alors que les températures étaient encore chaudes. »
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Dans la ville d’Hassakeh (nord-est) par exemple, l’afflux de populations de ces dernières semaines a entraîné une « pénurie de logements [et] les rares encore disponibles sont hors de prix, témoigne Baran*, qui travaille pour Care dans le nord de la Syrie. Les années passées, la plupart des familles utilisaient des appareils de chauffage au kérosène, en raison du prix abordable de ce combustible, mais il y a actuellement une pénurie dans la région : les prix ont augmenté et les gens ne peuvent plus payer pour se chauffer. »
Certaines familles ont trouvé refuge chez des proches – une solution « temporaire » selon Care, aux conditions également « très précaires ». D’autres ont investi d’anciens bâtiments abandonnés, sans système d’approvisionnement en eau ou d’assainissement. « Les gens sont obligés de chercher des sanitaires à l’extérieur de leur refuge, il se rendent parfois dans des mosquées ou chez des habitants qui ont ouvert leur maison pour qu’ils puissent utiliser les toilettes ». Un risque pour la sécurité des femmes et des filles, « qui doivent parfois parcourir seules de longues distances, la nuit », indique également l’ONG.
Patrouille conjointe
A l’extérieur, pour tenter de lutter contre le froid, les personnes utilisent des matelas, des couvertures, des tapis de sol et même des bâches en plastique, distribuées par les ONG présentes sur place, qu’elles disposent sur le sol. « Mais c’est loin d’être suffisant pour répondre à l’ampleur des besoins. Jusqu’à présent, nous avons surtout distribué des vêtements d’hiver pour les enfants, mais les adultes ont également besoin de vêtements chauds. Il faut agir d’urgence avant que la situation ne devienne encore plus dramatique », exhorte Baran.
Vendredi 1er novembre, conformément à l’accord du 22 octobre qui a mis fin à l’offensive d’Ankara contre les forces kurdes, des militaires turcs et russes ont commencé à patrouiller conjointement, dans le nord-est de la Syrie. Ce qui n’a pas empêché Damas, qui réinvestit la zone – appelée en renfort par les Kurdes eux-mêmes -, d’échanger quelques tirs avec l’armée turque ; le régime syrien n’entend pas laisser la Turquie libre de ses mouvements sur son sol. En attendant, les dizaines de milliers de déplacés attendent toujours qu’on leur vienne en aide. Hiver ou pas.
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