Avec les autorités algériennes, le chef de l’Etat français a parlé coopération : économique, éducative et en matière de lutte contre le terrorisme.
Emmanuel Macron se savait attendu au tournant. En février dernier, celui qui n’était que candidat à la présidentielle française avait effectivement déclaré, lors d’un déplacement à Alger, que « la colonisation est un crime contre l’humanité ». Un propos qui avait suscité une vague d’indignations, surtout de ce côté de la Méditerranée. Cette fois-ci, pour sa première visite en tant que président de la République, pas de dérapage verbal à déplorer. « Je reviens dans l’état d’esprit d’un ami de l’Algérie, d’un partenaire constructif qui souhaite renforcer nos liens dans les années qui viennent pour faire fructifier une relation déjà dense » a-t-il affirmé au quotidien algérien francophone El Watan.
« Partenariat stratégique »
Après le dépôt d’une gerbe au monument des martyrs de la guerre d’Algérie, Emmanuel Macron s’est entretenu avec le président algérien, Abdelaziz Bouteflika, dans sa résidence médicalisée de Zéralda, en banlieue d’Alger. Une « visite empreinte d’un caractère amical auquel je tiens. Nous avons une histoire et elle est parfois complexe. Mais elle nous lie. C’est notre viatique pour l’éternité » s’est-il exprimé lors de la conférence de presse. S’il a été question du passé, lors de cette journée, c’était à chaque fois pour mieux évoquer le futur. « Le nouveau rapport que je veux construire avec l’Algérie est celui d’un partenariat d’égal à égal, construit dans la franchise, la réciprocité et l’ambition » a ajouté M. Macron.
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Au programme de cette première visite présidentielle : le développement de la coopération économique, la coopération éducative et la lutte contre le terrorisme. « Le partenariat stratégique qui nous unit suppose sur nombre de sujets d’avancer de concert et de prendre des décisions importantes dans les mois à venir. Sur les sujets bilatéraux nous avons ouvert plusieurs voies de travail et échangé longuement » a annoncé le président français. En matière économique, notamment, un fond franco-algérien d’investissements devrait bientôt voir le jour pour accompagner les entrepreneurs algériens investissant en France – et vice versa. Ceci afin d’encourager l’innovation industrielle.
« Stabilité de la Libye »
Aux journaliste algériens qui faisaient remarquer à Emmanuel Macron la faiblesse des investissements tricolores en Algérie, ce dernier a tenu à rappeler que « la France est le premier investisseur étranger en Algérie en dehors du secteur des hydrocarbures [avec] un stock d’investissements français de 2,3 milliards d’euros. » Des « acquis » sur lesquels M. Macron n’entend toutefois pas se reposer. « Il faut faire plus et répondre aux besoins d’une jeunesse de plus en plus nombreuse qui arrive chaque année sur le marché du travail » a-t-il déclaré. Concernant les jeunes, le président français a surtout souhaité davantage de formations universitaires communes, avec un accent sur le numérique notamment.
Coopération éducative, coopération économique et, enfin, coopération en matière de lutte contre le terrorisme. Les dirigeants algériens et français se sont accordés sur leur volonté d’obtenir une « Libye stable et durable dans un cadre politique. » Ceci afin que « dans les prochaines semaines nous puissions trouver en Libye des accords institutionnels et le dialogue entre les différentes sensibilités politiques. » Depuis quelques années, le pays sert de base arrière aux djihadistes de l’Etat islamique, qui ont profité de la chute de Mouammar Khadafi en 2011 et du désordre qui avait suivi pour s’y implanter. « La stabilité de la Libye est importante pour l’Algérie » mitoyenne, a tenu à rappeler M. Macron.
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Dont l’un des maîtres-mots, outre la « coopération », a été la « réconciliation ». Le chef de l’Etat français a, à ce titre, accédé à « une demande plusieurs fois réitérée par les pouvoirs publics algériens » : la restitution des crânes des résistants algériens, qui s’étaient soulevés contre la France coloniale au milieu du 19ème siècle, aujourd’hui au Musée de l’Homme à Paris.

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