MBS, le prince héritier saoudien, en tournée dans le Golfe

Au menu de cette tournée diplomatique : la résolution du conflit au Yémen et, surtout, la question iranienne.

Le prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed ben Salman (dit « MBS »), s’est rendu lundi à Oman, pour ce qui est la première étape d’une tournée des États arabes du Golfe, qui l’amènera à rencontrer des dirigeants et des alliés voisins, alors que le royaume suit de près les négociations de Vienne (Autriche) qui visent à relancer l’accord nucléaire de l’Iran avec les puissances mondiales.

La visite du leader de facto de l’Arabie saoudite coïncide avec une série de rencontres diplomatiques dans la région, notamment la visite du président turc, Recep Tayyip Erdogan, au Qatar (son allié), et la visite d’un haut responsable de la sécurité des Émirats arabes unis (EAU) en Iran. Confirmée par les médias saoudiens et omanais, cette tournée intervient également avant la réunion annuelle des dirigeants des six pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG), qui aura lieu ce mois-ci.

« Efforts diplomatiques »

Son arrivée intervient alors que les rebelles houthistes du Yémen (des chiites soutenus par l’Iran) ont tiré un missile balistique visant la capitale saoudienne, Riyad. L’armée du royaume a déclaré avoir intercepté le missile et avoir ensuite lancé une contre-attaque visant des sites de missiles et de drones autour de Sanaa, la capitale yéménite contrôlée par les Houthis.

M. Erdogan, dont le pays s’est empressé de soutenir le Qatar pendant l’impasse diplomatique qui a pris fin au début de l’année avec d’autres États arabes, a déclaré que la Turquie saluait les efforts de réconciliation dans la région du Golfe. Ankara a tenté de rétablir des relations tendues avec certains États arabes, notamment par une visite de son chef de l’État aux EAU en février dernier.

« Je salue les efforts diplomatiques visant à rouvrir les portes du dialogue et à surmonter les malentendus dans la région du Golfe », a déclaré M. Erdogan avant de partir pour le Qatar, où sa délégation devait signer plusieurs nouveaux accords de coopération. Ce dernier a également prévu de rendre visite à des troupes dans une base turque située dans le petit émirat.

La tournée de MBS le conduira quant à lui également aux EAU, cette semaine, où la rivalité (économique notamment) s’est intensifiée, dans un contexte de politiques étrangères divergentes entre les alliés traditionnels, ainsi qu’à Bahreïn, au Qatar et au Koweït, selon des diplomates qui en ont fait mention à l’agence américaine Associated Press (AP).

« Influence de l’Iran »

Ces derniers ont déclaré que la tournée vise à éliminer les différences géopolitiques et à renforcer la coopération et la coordination entre les six pays du Golfe, en particulier pour faire face efficacement au programme nucléaire et aux ambitions régionales de l’Iran.

« Si les relations entre les membres du CCG sont sous-tendues par des liens culturels, religieux et tribaux, ils ont des positions de politique étrangère très différentes sur l’Iran, rappelle AP. Oman, le Koweït et le Qatar ont tous maintenu des relations avec l’Iran, tandis que l’Arabie saoudite, le Bahreïn et les Émirats arabes unis ont vu les tensions monter en flèche et s’emploient activement à limiter l’influence de l’Iran dans la région. »

L’Arabie saoudite et les EAU ont toutefois tenu des pourparlers directs avec Téhéran afin d’apaiser les tensions. Car les monarchies du Golfe, à l’heure actuelle, sont préoccupées par le retrait du plus en plus marqué des États-Unis du Moyen-Orient – comme, récemment, en Afghanistan -, Washington se focalisant sur les menaces chinoise et russe.

Les diplomates du Golfe ont déclaré à l’agence américaine que les réunions de MBS avec les dirigeants arabes souligneront l’importance de l’autonomie au sein du CCG. Le royaume et les EAU investissent dans des industries de défense nationales et se tournent de plus en plus vers des pays tels que la France, la Russie et la Chine pour obtenir du matériel militaire, bien que les États-Unis restent le principal fournisseur d’armes et de défense dans la région.

MBS cherchera également à obtenir un plus grand soutien en faveur d’une résolution de la guerre qui dure depuis des années au Yémen, ont indiqué ces mêmes diplomates. Les forces saoudiennes, malgré l’accélération des frappes aériennes sur la capitale yéménite, Sanaa, et ailleurs, ces dernières semaines, n’ont pas réussi à repousser de manière significative les rebelles chiites. Le conflit, qui dure depuis mars 2015, a précipité le pays dans « la plus grave crise humanitaire du monde » selon les Nations unies.

 

 

Crédits photo : Sur cette photo publiée par le palais royal saoudien, le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salman, salue le président français, Emmanuel Macron, à son arrivée à Jeddah, en Arabie saoudite, le 4 décembre 2021 (Bandar Aljaloud/Palais royal saoudien via AP).

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