Ghassem Soleimani, véritable « chef de file de l’Iran en Syrie »

« Le meurtre de Soleimani pourrait avoir un effet d’entraînement retentissant en Syrie » estime la correspondante d’AP en Syrie.

La Syrie serait-elle ce qu’elle est aujourd’hui sans Ghassem Soleimani, le général iranien, à la tête des forces Al-Qods, mort dans une attaque de drone américain vendredi 3 janvier ? Selon Sarah el-Deeb, la correspondante d’Associated Press (AP) en Syrie et au Liban, le « chef de file de l’Iran en Syrie depuis 2011 » a eu un impact majeur dans la guerre en Syrie, qui dure depuis que le régime de Bachar al-Assad a voulu étouffer les manifestations populaires en 2011.

Ghassem Soleimani, tête pensante de la stratégie moyen-orientale de Téhéran, « a contribué à renverser la tendance dans la guerre civile qui dure depuis près de 9 ans, en intervenant pour sauver Assad alors que des rebelles armés s’approchaient de la capitale, Damas, et s’emparaient des villes clés, affirme la journaliste. Il a réuni les milices chiites de toute la région pour soutenir l’armée syrienne, et a mené des sièges qui ont permis de reprendre des territoires, de semer le chaos et d’empêcher l’effondrement » de la Syrie.

Preuve de l’importance de Ghassem Soleimani : lorsque le président syrien, Bachar al-Assad, effectue l’une de ses rares visites en Iran, l’an dernier, « le puissance commandant des gardiens de la révolution [est] là pour l’accueillir, aux côtés du chef suprême et président de l’Iran », indique Sarah el-Deeb. Quant au ministre des Affaires étrangères, il n’était pas là, et avait même « démissionné en signe de protestation contre son exclusion des pourparlers avec un allié crucial », note-t-elle.

« Vulnérables »

L’assassinat de Ghassem Soleimani, véritable porte-voix de Téhéran en Syrie (comme en Irak par exemple), risque à présent de rebattre les cartes dans le « pays de Bachar al-Assad ». « Les réseaux de milices qu’il a mis en place resteront en place, et la Syrie deviendra probablement le théâtre d’affrontements avec les centaines de soldats américains qui y sont stationnés », estime la correspondante d’AP. Selon elle, Ghassem Soleimani était, ni plus ni moins, celui « qui contrôle la politique de l’Iran en Syrie ».

D’après Danny Makki, un analyste syrien basé en Grande-Bretagne, si conflit il devait y avoir entre les Etats-Unis et l’Iran, alors que les deux parties rivalisent de provocations verbales depuis quelques jours, Washington ou Israël, grand allié de l’administration Trump dans la région, « pourraient frapper [ces] milices, [tout comme] les combattants soutenus par l’Iran pourraient attaquer les positions américaines, qui se trouvent dans la partie orientale de la Syrie ».

« Le meurtre de Soleimani pourrait également avoir un effet d’entraînement retentissant en Syrie, estime par ailleurs Sarah el-Deeb. Si Bagdad oblige les troupes américaines à quitter l’Irak en signe de protestation, les soldats américains en Syrie perdraient une logistique et une ligne d’approvisionnement vitales et devraient probablement se retirer aussi. » Une éventualité qui laisserait les alliés des Américains en Syrie, les Kurdes syriens, « vulnérables »Entre autres conséquences.

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