Israël : Nétanyahou rejette les accusations de corruption à la reprise de son procès

« Bibi », au pouvoir depuis 12 ans, est le premier chef du gouvernement israélien en fonction à être jugé.

Sans surprise, le Premier ministre israélien, Benjamin Nétanyahou, a plaidé non coupable, lundi, lors de la reprise de son procès pour corruption, à quelques semaines des élections législatives – les quatrièmes en moins de deux ans. Le leader du Likoud (droite), au pouvoir depuis 15 ans, a été inculpé l’année dernière pour fraude, abus de confiance et acceptation de pots-de-vin dans trois affaires distinctes.

Il est notamment accusé d’avoir accepté des cadeaux de la part de riches amis (« affaire 1 000 »), mais également d’avoir cherché à s’assurer une couverture favorable, de la part du quotidien le plus lu en Israël, le Yediot Aharonot, en échange d’une éventuelle loi limitant la diffusion du journal gratuit Israel Hayom, son principal concurrent (« affaire 2 000 »).

Benjamin Nétanyahou a réitéré, sinon dans la forme, du moins dans le fond, les propos qu’il avait tenus à l’ouverture de son procès, en mai 2020 – où il avait dénoncé des charges « ridicules » -, en niant tout acte répréhensible et rejetant les accusations portées contre lui. Dignes, selon lui, d’une véritable « chasse aux sorcières », orchestrée par des forces de l’ordre et des médias partiaux.

A l’extérieur du palais de justice de Jérusalem, quelque 150 manifestants – que l’on pouvait entendre depuis la salle d’audience – scandaient des slogans anti-Nétanyahou (« Ministre du Crime »« Dégage »« Tu ne voleras point »), faisant écho aux rassemblements hebdomadaires de ces derniers mois, qui réclamaient le départ du Premier ministre, pour sa gestion de la crise du coronavirus entre autres.

« Nous voulons un nouveau gouvernement, un gouvernement propre, pas de corruption. Nous ne voulons pas de Bibi Nétanyahou, nous voulons qu’il parte, il doit partir », a par exemple témoigné une manifestante. Tandis qu’une autre estimait que « nous sommes ici pour balayer toute la saleté et toute la corruption qu’il [Benjamin Nétanyahou] a créé ces dernières années ».

Le chef du gouvernement israélien – le premier de l’histoire à être jugé alors qu’il est en fonction – n’est resté qu’une vingtaine de minutes à la barre. Toutefois, l’audience s’est poursuivie en son absence, ses avocats faisant valoir pendant plus d’une heure que les procédures étaient entachées d’inconstitutionnalité. Ce à quoi l’accusation a répondu que le procureur général avait approuvé toutes les enquêtes effectuées.

Désormais, les regards, braqués sur le procès, se tournent également vers la date des élections législatives du 23 mars. Dimanche, Yariv Levin, le président de la Knesset (Parlement) et proche de Nétanyahou, déclarait dans Israel Hayom craindre une « interférence sans précédent du système judiciaire dans les élections » si la cour présentait « dès à présent » ses éléments de preuve contre le Premier ministre.

Si celui-ci reste en tête des sondages – son parti, le Likoud, est crédité de 29 sièges sur 120, devant le centriste Yaïr Lapid (17) -, pas sûr qu’il dispose d’assez de voix pour obtenir la majorité (61 sièges). Ce qui entraînerait, une fois de plus, une coalition au pouvoir, après celle formée avec le parti de Benny Gantz (Bleu Blanc, centre) en mai dernier pour lutter contre la pandémie, et qui s’est effondrée en décembre.

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Crédits photo : Le Premier ministre israélien, Benjamin Nétanyahou, lors de la reprise de son procès pour corruption, lundi 8 février 2021, à Jérusalem (AP Photo/Reuven Castro).

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