Révolution tunisienne : 10 ans après, un bilan mitigé

La Tunisie traverse une crise politique sans précédent, 10 ans après son élan vers la liberté et la démocratie.

Le dixième anniversaire de la révolution tunisienne a coïncidé avec une révolte populaire qui a duré plusieurs jours. Aujourd’hui, la Tunisie traverse une crise politique sans précédent, 10 ans après son élan vers la liberté et la démocratie.

Des rêves de liberté, de démocratie et de dignité ont accompagné les premières années de la révolution tunisienne, prometteuse d’un meilleur avenir politique, social et économique pour la population. Mais la réalité est différente. La crise économique latente et crescendo a tout de suite mis le pays dans une situation instable. Si bien qu’il reste encore plusieurs étapes à franchir avant de récolter les fruits du « printemps arabe », démarré à Sidi Bouzid, le 17 décembre 2010.

« Promesses électorales »

« Aujourd’hui encore, les Tunisiens aspirent à la dignité et à l’emploi, même si la révolution a amené un vent de liberté sur le pays, estime l’analyste politique tunisien Bassem Hamdi. Un processus de transition démocratique a été déclenché, mais on peut dire que sur le plan du développement régional et de la croissance, nous sommes très loin des objectifs escomptés ».

Et ce sont, en premier lieu, les partis politiques au pouvoir qui sont pointés du doigt et tenus pour responsables de l’échec présumé de la révolution tunisienne. « Les élections libres et transparentes qui ont été organisées ne couvrent pas l’échec flagrant de la classe politique qui n’arrive pas à tenir ses promesses électorales », dit-il.

Selon Bassem Hamdi, cette situation a creusé le gouffre de la récession dans le pays, avec un taux de pauvreté à son plus haut niveau et un taux de chômage qui ne cesse d’augmenter. Si bien que « les jeunes diplômés et demandeurs d’emploi n’ont trouvé d’autres alternatives que l’immigration clandestine pour survivre à cette crise ».

Dans le viseur de l’analyste politique, Ennahdha, le parti islamiste au pouvoir, bien trop captivé par la course politique et son enracinement au sein de l’administration tunisienne, pour prêter attention aux attentes des Tunisiens, et même de ceux qui lui ont accordé leur confiance dans les urnes.

Ordre naturel des révolutions

D’autres observateurs, en Tunisie, semblent en revanche plus optimistes. à l’instar d’Yadh Ben Achour spécialiste de droit public et des théories politiques islamiques, sont plus optimistes.

« Aucune révolution ne tient, dans le temps immédiat, les promesses qu’on attend d’elle, expliquait en janvier dernier au quotidien français L’Humanité Yadh ben Achour, spécialiste de droit public et des théories politiques islamiques. Les révolutions, en général, portent d’abord un message, comme la nôtre, de dignité, de liberté et d’équité. Ce que nous vivons en Tunisie est presque dans l’ordre naturel des révolutions. Nous assistons effectivement à un phénomène de régression, surtout sur les plans économique, social, politique et financier… ».

Ce dernier d’ajouter : « On oublie que la révolution en Tunisie n’a pas abouti au néant. Ceux qui disent de la situation économique et sociale qu’elle était meilleure sous la dictature, oublient que celle-ci falsifiait les chiffres. Ils oublient la torture, la répression systématique, la désertification ».

2021 ne présage pas d’une quelconque relance économique pour le moment, mais plutôt des menaces. La situation sanitaire, qui a contraint le gouvernement à instaurer un couvre-feu et un confinement, impacte lourdement les emplois, déjà fragilisés, avec 250 000 chômeurs de plus en 2020.

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