En Syrie, des frappes aériennes tuent un célèbre baron de la drogue

Ces dernières années, les autorités jordaniennes ont découvert des millions de comprimés de captagon passés en contrebande.

Des frappes aériennes au-dessus du sud de la Syrie ont tué, tôt lundi, l’un des trafiquants de drogue les plus connus du pays, ont rapporté un observateur de guerre de l’opposition et une station de radio pro-gouvernementale. Ces frappes interviennent un jour après que les gouvernements arabes ont réintégré la Syrie au sein de la Ligue arabe, suite à la suspension du pays pour sa répression des manifestations.

Alors que les gouvernements arabes renouent progressivement leurs liens avec Damas, l’un des principaux sujets de discussion a été l’industrie des drogues illicites en Syrie, qui a prospéré pendant le conflit en cours – en particulier le captagon, une amphétamine illégale.

Les gouvernements occidentaux estiment que le captagon a généré des milliards de dollars de revenus pour le président Bachar al-Assad, ses associés syriens et ses alliés. Damas a démenti ces accusations, rapporte l’agence de presse américaine Associated Press (AP).

La première frappe a touché une maison dans le village syrien de Shuab, dans la province de Sweida, près de la frontière jordanienne, tuant Merhi Ramthan, sa femme et ses six enfants, selon l’Observatoire syrien des droits humains, basé en Grande-Bretagne.

L’Observatoire de l’opposition et Sham FM ont fait état d’une autre frappe dans la province méridionale de Daraa, qui a touché un bâtiment. L’Observatoire a indiqué que le bâtiment abritait une usine de fabrication de médicaments. La station de radio progouvernementale n’a pas donné d’autres détails. Les autorités jordaniennes et syriennes n’ont fait aucun commentaire dans l’immédiat.

Sanctions européennes

Les activistes et l’Observatoire ont déclaré qu’ils pensaient que la Jordanie était probablement à l’origine de la frappe aérienne, le producteur de captagon étant l’une des personnes les plus recherchées par les autorités jordaniennes, pour avoir facilité la contrebande de drogue à travers la frontière avec le soutien d’une petite milice. Les autorités jordaniennes affirment également qu’il est proche des milices liées à Assad et du Hezbollah, un groupe libanais soutenu par l’Iran.

La Jordanie a souvent déclaré avoir démantelé des opérations de contrebande de drogue à sa frontière avec la Syrie, ses soldats se livrant parfois à des échanges de tirs avec les cartels de la drogue qui tentent de pénétrer dans le sud de la Syrie. Ces dernières années, les autorités jordaniennes ont découvert des millions de comprimés de captagon passés en contrebande, dont une grande partie était destinée aux pays du Golfe riches en pétrole.

La Syrie et le Liban voisin sont devenus les portes d’entrée de la drogue au Moyen-Orient, et en particulier dans le Golfe. En mars, les États-Unis et le Royaume-Uni ont imposé des sanctions à quatre Syriens et deux Libanais impliqués dans la fabrication et le trafic de captagon.

Parmi ces six personnes figurent des cousins du président syrien et des barons de la drogue libanais bien connus. Quelques semaines plus tard, l’Union européenne a imposé des sanctions à plusieurs Syriens, dont des membres de la famille Assad, les accusant d’être impliqués dans la production et le trafic de stupéfiants, notamment de captagon.

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