Washington sanctionne un haut dignitaire du Soudan du Sud

Les Sud-Soudanais doivent encore patienter avant de goûter, éventuellement, à une période d’accalmie politique.

Washington a toujours son viseur braqué sur le Soudan du Sud. Les Etats-Unis ont décidé de sanctionner son premier vice-président, mercredi, « pour son implication dans de graves violations des droits de l’Homme, dont des disparitions et des décès de civils », relaie L’Orient le Jour.

« La tentative de Taban Deng Gai de museler le parti d’opposition fait dérailler la possibilité pour le pays de mettre en oeuvre un accord de paix. M. Deng a agi avec l’intention de diviser et semer la confusion entre le Mouvement de libération du peuple du Soudan – Armée/Nord (SPLM-A/N) et l’ethnie nuer, prolongeant le conflit au Soudan du Sud et détériorant le processus de réconciliation et de paix », fustige ainsi le communiqué américain.

Avant d’enfoncer le clou : « Le refus du gouvernement sud-soudanais de créer un espace politique pour les voix dissidentes – des partis d’opposition, groupes ethniques ou médias – a joué un rôle clé dans l’incapacité du pays à mettre en oeuvre un accord de paix, et dans les actes continus de violence contre les civils. »

Le chef de l’opposition toujours sur ses gardes

Pour rappel, le SPLM-IO, le groupe de Riek Machar, ex-vice-président du président Salva Kiir, avait en effet confirmé en octobre dernier dans un communiqué que les conditions inhérentes à l’accord de paix signé en 2018 n’étaient toujours pas réunies. Et que ce dernier ne pouvait donc pas voir le jour avant au moins un délai de 6 mois – la date butoir est fixée au 20 février – :

« Il y a des points essentiels que nous devons d’abord régler, si nous voulons pouvoir stabiliser le pays et avoir un gouvernement qui sert le peuple. Comme par exemple des questions de sécurité, le nombre de province, leur frontière, et une modification de la Constitution. Il y a eu beaucoup de retard, et c’est pour cela que la date butoir est reportée de 6 mois. Il y a plusieurs raisons à ce retard, mais c’est principalement dû au manque de volonté politique du gouvernement et au manque d’argent pour financer ces changements. L’Etat avait (en effet) promis de débloquer de l’argent, il ne l’a pas fait. »

De nombreuses zones d’ombre subsistent

En conséquence, les Sud-Soudanais doivent encore patienter avant de goûter, éventuellement, à une période d’accalmie politique. Ce dossier – en gestation depuis l’automne 2018 et l’enterrement de la hache de guerre entre les deux protagonistes de l’échiquier politique local – n’offre malheureusement pas les garanties sécuritaires suffisantes pour permettre à R. Machar d’envisager un retour à Juba. Et cela en tant que vice-président, un poste qu’il a déjà occupé par le passé.

Par ailleurs, le chef des rebelles considère également que d’autres points culminants liés aux tractations n’ont pas encore fait l’objet d’un accord définitif. C’est ainsi le cas de l’unification des factions rivales en une seule armée, du tracé des frontières tribales, et du contrôle des violences dans la capitale qui permettrait le retour des déplacés dans leurs maisons.

Concrètement, les velléités de leadership opposant Kiir et Machar ont débouché en décembre 2013 sur une terrible guerre civile qui a fait plus de 400 000 morts sur le territoire. Mais aussi poussé plus de 4 millions de civils, soit près d’un tiers de la population, à quitter leur foyer.

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