Les partisans de la ligne dure en Iran tournent leur colère vers la France

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09.01.2023

Des centaines de manifestants ont crié « Mort à la France », exhortant Paris à mettre fin à l’« animosité » envers Téhéran.

Dimanche, les partisans de la ligne dure en Iran ont brûlé des drapeaux français devant l’ambassade de France à Téhéran, pour protester contre les caricatures publiées par le magazine satirique français Charlie Hebdo, qui s’en prennent aux religieux au pouvoir en Iran.

Les caricatures ont été publiées à un moment où les manifestations antigouvernementales en Iran, qui en sont à leur quatrième mois, se poursuivent. Les manifestants appellent à la chute de la République islamique et remettent en question la dureté de son régime.

Les manifestations devant l’ambassade de France font suite aux précédentes tentatives des dirigeants iraniens de mobiliser leurs partisans dans des contre-manifestations, précise l’agence de presse américaine Associated Press (AP).

Des centaines de manifestants, dont des étudiants de séminaires, ont crié « Mort à la France » et ont accusé le président français Emmanuel Macron d’insulter l’Iran tout en exhortant Paris à mettre fin à son « animosité » envers Téhéran. Des policiers, dont certains semblaient tenir des images du guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, ont maintenu les manifestants à distance du bâtiment de l’ambassade.

La télévision d’État a indiqué que certains religieux avaient organisé des manifestations similaires dans la ville sainte de Qom, le centre de l’enseignement religieux en Iran.

Dimanche, le président du Parlement iranien, Mohammad Bagher Qalibaf, a établi un lien entre les caricatures du magazine français et ce que les autorités ont déclaré à plusieurs reprises être un complot de l’Occident pour propager de prétendues émeutes en Iran.

Plus tard dans la journée, le président Ebrahim Raisi a fait part de sa première réaction aux caricatures françaises et s’est fait l’écho d’affirmations similaires. « Le recours aux insultes sous prétexte de liberté est une indication claire de leur frustration à conclure un complot pour le chaos et l’insécurité » en Iran, a-t-il déclaré.

Charlie Hebdo publie depuis longtemps des caricatures vulgaires se moquant des islamistes, qui, selon les critiques, sont profondément insultantes pour les musulmans. Deux extrémistes d’Al-Qaïda d’origine française ont attaqué les bureaux du journal en 2015, tuant 12 caricaturistes, et il a été la cible d’autres attaques au fil des ans.

Son dernier numéro présente les gagnants d’un récent concours de caricatures dans lequel les participants étaient invités à dessiner les caricatures les plus offensantes du Guide suprême Khamenei.

L’un des finalistes représente un ecclésiastique enturbanné tendant la corde d’un bourreau alors qu’il se noie dans le sang, tandis qu’un autre montre Khamenei accroché à un trône géant au-dessus des poings levés des manifestants. D’autres représentent des scènes plus vulgaires et sexuellement explicites.

Des manifestations antigouvernementales ont éclaté dans tout l’Iran en septembre après la mort en détention de Mahsa Amini, une femme de 22 ans qui avait été arrêtée par la police des mœurs du pays pour avoir prétendument enfreint le code vestimentaire islamique strict.

Les troubles se sont transformés en l’un des défis les plus graves pour la République islamique depuis la révolution de 1979 qui l’a portée au pouvoir. Selon les groupes de défense des droits de l’homme, au moins 517 manifestants ont été tués et plus de 19 200 personnes ont été arrêtées dans le cadre de la violente répression menée par les forces de sécurité. Les autorités iraniennes n’ont pas fourni de décompte officiel des personnes tuées ou détenues.

Samedi, les autorités ont exécuté deux hommes condamnés pour le meurtre présumé d’un volontaire paramilitaire lors des manifestations.

 

Crédits photo : Téhéran, la capitale de l’Iran (Wikimedia Commons).

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