L’ONU a décidé de maintenir la conférence internationale qui doit se tenir en Libye du 14 au 16 avril prochains.
Lundi 8 avril, les affrontements pour le contrôle de Tripoli, à l’est de la Libye, se sont intensifiés. L’armée nationale libyenne (ANL), un groupe de milices emmené par le maréchal Khalifa Haftar, « l’homme fort de l’Est libyen », qui a lancé la semaine dernière l’offensive contre la capitale libyenne, a reconnu avoir frappé l’aéroport international Mitiga, à quelques kilomètre seulement du centre-ville de Tripoli. Ses combattants se sont heurtés aux bataillons rivaux, soutiens du gouvernement d’union nationale (GNA) de Fayez el-Sarraj, le Premier ministre libyen, qui a la mainmise sur la partie occidentale du pays.
« Assurer la sécurité de tous les civils »
Selon Associated Press (AP), l’escalade a menacé de plonger la Libye dans le chaos et de déclencher une guerre civile d’une ampleur comparable à celle du soulèvement de 2011, qui a renversé et tué le dictateur Mouammar Kadhafi. D’après Mohamed al-Manfour, général de l’ANL, l’attaque de l’aéroport international était une réponse à un assaut que s’apprêtaient à donner les forces gouvernementales soutenues par les Nations unies (ONU). Bien que, selon Ibrahim Fadel, un officiel de Mitiga, celle-ci n’ait fait aucune victime, le bilan humain, depuis quelques jours, s’élève à plus de 50 morts, côté militaires comme civils.
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Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a condamné via son porte-parole les combats en cours à Tripoli et dans les environs de la capitale libyenne. Et « demande instamment que toutes les opérations militaires cessent immédiatement afin de désamorcer la situation et de prévenir un conflit de grande ampleur », a déclaré celui-ci. Selon le Bureau des affaires humanitaires onusien (OCHA), les affrontements ont déplacé quelque 2 800 personnes et empêchent l’aide humanitaire d’atteindre les personnes blessées. M. Guterres ayant également rappelé aux parties leur obligation « d’assurer la sécurité de tous les civils ».
« La victoire ne peut être que politique »
Ces derniers jours, l’ONU tout comme les pays impliqués dans le dossier libyen ont par ailleurs redit leur confiance dans le processus politique en Libye. Le seul à même de parvenir à une paix durable, selon eux, entre les deux camps. « En Libye, il n’y aura pas de victoire militaire, la victoire ne peut être que politique », a par exemple affirmé Jean-Yves Le Drian, le ministre français des Affaires étrangères, samedi dernier lors d’une réunion des chefs de la diplomatie des pays du G7. Avant d’appeler le maréchal Haftar à soutenir le processus mis en œuvre par l’ONU pour sortir le pays de la crise.
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A ce titre, la France, point de jonction entre le GNA et l’ANL, voit son rôle de médiatrice légèrement écorné. Islamistes et opposants à l’homme fort de l’est libyen reprochent à Paris de soutenir ce dernier, ce que l’ambassadrice française en Libye, Béatrice Le Fraper du Hellen, a démenti au cours d’un « entretien » avec Fayez el-Sarraj, samedi dernier. Même si le maréchal Haftar a effectivement pu épauler la France dans sa lutte contre le terrorisme et l’immigration clandestine. Le couac n’a pas empêché la diplomatie tricolore de redire sa confiance dans le GNA et pour la solution politique en Libye.

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