Libye : comment Rabat a repris les rênes de la médiation

Le Maroc « n’est animé que par l’ambition impartiale de servir la Libye » rappelle la diplomatie marocaine.

La nouvelle a pris de nombreux observateurs du dossier par surprise, même si le Maroc a fait preuve ces dernières semaines d’un activisme tous azimuts sur la question libyenne. Avec l’ouverture ce dimanche du dialogue inter-libyen entre la délégation du Haut Conseil d’Etat libyen et celle du parlement de Tobrouk, qui se sont réunies dans la petite ville de Bouznika, au sud de la capitale marocaine, le Royaume Chérifien s’est replacé au centre du jeu. Des pourparlers de premier plan, qui sont poursuivis ce lundi 7 septembre en vue de maintenir le cessez-le-feu et parvenir à une solution pacifique à la crise libyenne qui déchire le pays depuis la chute du colonel Mouammar Kadhafi en 2011.

Nouvelle médiation

S’exprimant en ouverture de la rencontre, le ministre marocain des Affaires étrangères et de la Coopération africaine, Nasser Bourita, a affirmé que le royaume « ne dispose ni d’agenda, ni d’intérêt que pour la Libye », réitérant que le Maroc « n’est animé que par l’ambition impartiale de servir la Libye et de se tenir aux côtés du peuple libyen », comme le souligne le ministère marocain des Affaires étrangères dans un communiqué publié ce dimanche sur son site officiel.

Le chef de la diplomatie marocaine a également rappelé l’approche adopté par le souverain marocain, qui veut que le dossier libyen « ne soit pas une question diplomatique », ni qu’elle fasse l’objet de « dissensions politiques », mais plutôt un dossier « relevant du destin d’un pays maghrébin frère, avec lequel nous entretenons une fraternité sincère et dont sa stabilité et sa sécurité concernent les nôtres ».

A l’issue de la première séance de dialogue, les deux délégations ont exprimé leur « ambition sincère de parvenir à un consensus qui mènera la Libye à bon port » saluant les efforts déployés par le Maroc « afin d’aboutir à un consensus de nature à réaliser la stabilité politique et économique de la Libye et qui va lever la souffrance du peuple libyen et permettre de s’acheminer vers l’édification d’un état fort et stable », rapporte l’agence de presse officielle MAP.

Un pas de plus vers la paix dans le pays du Maghreb plongé dans le chaos depuis près d’une décennie, qui représentent l’aboutissement d’une dynamique diplomatique engagée depuis par le royaume chérifien en vue d’avancer vers une solution à la crise libyenne.

Renforcement du processus onusien

Ces séances de négociations interviennent quelques semaines seulement après la visite au Maroc du président du Haut Conseil d’État libyen, Khaled Al Mechri. Et du président de la Chambre des représentants, Aguila Saleh qui rencontrait en juillet dernier à Rabat, les présidents des deux chambres du parlement, Habib el-Malki et Hakim Benchamach lors d’une visite de concertation pour envisager une stratégie de sortie de crise en Libye.

En août dernier, la représentante spéciale et Cheffe de la Mission d’appui des Nations unies en Libye (MANUL) par intérim, Représentante spéciale adjointe du Secrétaire général, Stéphanie Williams, effectuait à son tour une visite à Rabat dans le cadre des consultations menées avec les parties libyennes, avant de s’envoler pour l’Egypte.

Pour rappel, l’accord de Skhirat de 2015, demeure pour l’heure le référentiel de base pour tout règlement politique de la crise libyenne, aux yeux de l’Organisation des Nations unies (ONU), notamment après l’échec des initiatives diplomatiques de sortie de crise.

Dans sa déclaration à la presse le chef de la diplomatie marocaine a rappelé que le Royaume « a toujours travaillé avec l’Organisation des Nations unies et sous son égide sur le dossier libyen et qu’il poursuivra cette approche dans l’avenir ».

De l’autre coté de la Méditerranée

Ce dimanche, alors que les parties libyennes tente de trouver un accord au Maroc, le chef du gouvernement d’Union nationale (GNA), Fayez al-Sarraj, qui contrôle Tripoli et les zones alentours, s’entretenait quant à lui avec le président turque Recep Tayyip Erdogan, lors d’une entrevue organisée à huis clos au palais Vahdettin à Istanbul.

Au cœur de conflits géopolitiques et territoriaux régionaux notamment avec la Grèce et Chypre, le président turc a déclaré à l’issue de cette entrevue que « la Turquie continuera de rester solidaire avec le gouvernement légitimement reconnu par l’ONU de Libye », notamment face à Khalifa Haftar, son principal  rival, soulignant que la « priorité de la Turquie est de restaurer la stabilité en Libye sans délai ».

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