Dans un accord conclu en février 2020 avec Washington, les talibans se sont engagés à ne pas soutenir Al-Qaïda.
Le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, a déclaré jeudi que le groupe extrémiste Al-Qaïda, qui a utilisé l’Afghanistan comme base pour attaquer les États-Unis il y a 20 ans, pourrait tenter de s’y régénérer après le retrait américain qui a laissé les talibans au pouvoir.
« Nous avons averti les talibans »
M. Austin, fait savoir l’agence américaine Associated Press (AP), s’est adressé à un petit groupe de journalistes à Koweït City, à l’issue d’une tournée de quatre jours dans les États du golfe Persique. Il a déclaré que les États-Unis étaient prêts à empêcher un retour d’Al-Qaïda en Afghanistan qui menacerait les États-Unis.
« Toute la communauté est en quelque sorte en train d’observer ce qui se passe et de voir si oui ou non Al-Qaïda a la capacité de se régénérer en Afghanistan, a-t-il dit. La nature d’Al-Qaïda et [du groupe État islamique] fait qu’ils tenteront toujours de trouver un espace pour se développer et se régénérer, que ce soit là-bas, en Somalie ou dans tout autre espace non gouverné. »
Les talibans avaient fourni un sanctuaire à Al-Qaïda lorsqu’ils dirigeaient l’Afghanistan entre 1996 et 2001. Les États-Unis ont envahi et renversé les talibans après qu’ils ont refusé de livrer les dirigeants du groupe terroriste à la suite des attentats du 11 septembre 2001 contre les États-Unis. Au cours des 20 ans de guerre américaine, Al-Qaïda a été considérablement réduit, mais des questions se posent quant à ses perspectives d’avenir avec le retour des talibans à Kaboul.
« Nous avons averti les talibans que nous attendons d’eux qu’ils ne permettent pas que cela se produise », a déclaré M. Austin, faisant référence à la possibilité qu’Al-Qaïda utilise de nouveau l’Afghanistan comme base de repli. Dans un accord conclu en février 2020 avec l’administration Trump, les dirigeants talibans se sont engagés à ne pas soutenir Al-Qaïda ou d’autres groupes extrémistes qui menaceraient les États-Unis.
Rassurer les alliés du Golfe
La crainte, à Washington, est toutefois de mise. Les responsables américains pensent que les talibans entretiennent des liens avec Al-Qaïda, et de nombreuses nations, dont les États arabes du Golfe, craignent que le retour au pouvoir des talibans n’ouvre la porte à une résurgence de l’influence du groupe d’Oussama ben Laden.
M. Austin a tout de même affirmé que l’armée américaine était capable de contenir Al-Qaïda, ou toute autre menace extrémiste émanant de l’Afghanistan, en utilisant des avions de surveillance et de frappe basés à l’étranger, notamment dans le golfe Persique. Il a également reconnu que ce sera plus difficile sans les troupes et les équipes de renseignement américaines basées en Afghanistan.
M. Austin et le secrétaire d’État, Antony Blinken, se sont rendus ensemble au Qatar, mardi dernier, afin de faire part de la gratitude des États-Unis pour l’aide apportée par le petit émirat du Golfe au transit de dizaines de milliers d’Afghans et d’autres personnes évacuées depuis Kaboul. M. Blinken a également visité un site de transit de personnes évacuées en Allemagne, et M. Austin s’est rendu à Bahreïn et au Koweït.
Le message, derrière ces visites, était clair : il fallait rassurer les alliés du Golfe, après la décision du président américain, Joe Biden, de mettre fin à la guerre américaine en Afghanistan, afin de se concentrer sur d’autres défis sécuritaires (Chine, Russie…). Le successeur de Donald Trump n’a, bien évidemment, pas mentionné un quelconque départ des armées américaines implantées dans le Golfe. Même s’il a tenu à le rappeler : la priorité de Washington reste Pékin.
Crédits photo : Le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, s’exprime lors d’une conférence de presse conjointe avec le secrétaire d’État américain Antony Blinken, le vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères du Qatar, Mohammed ben Abdulrahman al-Thani, et le ministre de la Défense du Qatar, Khalid ben Mohammed Al-Attiyah, à Doha, au Qatar, mardi 7 septembre 2021 (Olivier Douliery/Pool Photo via AP).