« Environ 383 000 Sud-Soudanais sont morts du fait de la guerre civile »

En 2016, une estimation des Nations unies faisait état de 50 000 morts et 3 millions de déplacés.

Le bilan de la guerre civile au Soudan du Sud vient de s’alourdir. Le 26 septembre dernier, la London School of Hygiene and Tropical Medicine a publié une étude selon laquelle « environ 383 000 Sud-Soudanais sont morts du fait de la guerre civile […] entre décembre 2013 et avril 2018 ». En 2016, pourtant, un responsable des Nations unies (ONU) annonçait que 50 000 personnes avaient été tuées et que près d’un quart des 12 millions d’habitants du Soudan du Sud avaient été déplacés par les combats. Le nouveau chiffre, bien plus lourd, prend en compte les personnes tuées dans les affrontements (soit 190 000 environ) et celles qui sont mortes de faim ou, plus généralement, à cause de l’inefficacité des services de santé sud-soudanais entraînée par le conflit.

Celui-ci a éclaté en décembre 2013, entre les forces du président Salva Kiir et celles de son ancien vice-président, Riek Machar, tout juste limogé pour cause de désaccords politiques. En moins de cinq ans, les affrontements ont donc fait, selon l’étude de la London School of Hygiene and Tropical Medicine, plusieurs centaines de milliers de morts, mais également précipité des millions de Sud-Soudanais dans une situation de famine et contraint à l’exil plus de 2 millions d’habitants. D’après les Etats-Unis, 107 humanitaires et 13 journalistes ont été tués depuis le début de la guerre, tandis que le Bureau de l’ONU pour les affaires humanitaires (OCHA) regrettait en août dernier que des incidents viennent entraver le travail des partenaires humanitaires.

« Les plus grands défis sont encore à venir »

D’après un récent communiqué de l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le plus jeune pays affronte également depuis la fin de 2017 « d’importants défis macroéconomiques, illustrés par la montée en flèche du taux de change parallèle, la diminution des réserves de devises étrangères, ainsi que des taux d’inflation élevés et croissants ». Plusieurs régions du pays ont d’ores et déjà signalé des pénuries de carburant, entrainant une « forte hausse des prix sur le marché parallèle » ; au cours des 12 derniers mois, les prix de la plupart des intrants agricoles – les produits nécessaires au bon fonctionnement d’une exploitation, comme les pesticides par exemple – ont bondi pour atteindre « plus du double de leur niveau de l’année précédente ».

Alors que l’on devrait assister, par conséquent, à « un ralentissement de la croissance économique en 2018 », selon la FAO, Salva Kiir et Riek Machar ont signé, en septembre dernier, un texte présenté comme la « dernière chance » pour mettre fin à la guerre civile. « Bien qu’il s’agisse d’un seul pas sur la voie d’une paix durable, c’est celui qui jette les bases de tout ce qui doit suivre, avait estimé David Shearer, chef de la Mission de l’ONU au Soudan du Sud. Pour celles et ceux d’entre nous qui voient de leurs propres yeux les âpres combats sur le terrain et rencontrent ceux qui souffrent le plus, nous n’aurions pas cru, il y a trois mois, que nous en serions là. Mais nous savons aussi que les plus grands défis sont encore à venir. »

Lire aussi : « Les enfants du Soudan du Sud méritent mieux »

Partages