Soudan : l’homme fort du coup d’État tente de rassurer sur ses intentions

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09.11.2021

Le général Abdel Fattah al-Burhan a promis à plusieurs reprises de céder le pouvoir à un gouvernement civil élu.

Le général en chef du Soudan a promis qu’il n’occuperait pas de poste gouvernemental après les élections prévues en juillet 2023, deux semaines après avoir renversé un gouvernement de transition lors d’un coup d’État largement condamné à l’international.

Le chef militaire, le général Abdel Fattah al-Burhan, a promis à plusieurs reprises de céder le pouvoir à un gouvernement civil élu. Le fait qu’il ait annoncé ce week-end qu’il ne se présenterait pas aux élections n’empêche pas d’autres généraux de haut rang de se défaire de leurs titres militaires et de se porter candidats.

Transition fragile

Le 25 octobre, les militaires ont dissous le gouvernement de transition du pays et arrêté plus de 100 fonctionnaires et dirigeants politiques, ainsi qu’un grand nombre de manifestants et de militants. Depuis lors, au moins 13 manifestants anti-coup d’État ont été tués en raison de la force excessive utilisée par les forces de sécurité du pays, selon des médecins soudanais et les Nations unies.

Dimanche, les forces de sécurité ont aspergé les manifestants de gaz lacrymogènes et ont rassemblé plus de 100 personnes, pour la plupart des enseignants anti-coup d’État, dans la capitale, Khartoum. Dans des commentaires diffusés dimanche par la chaîne de télévision qatarie Al-Jazeera, M. al-Burhan a également déclaré que les forces de sécurité n’étaient pas responsables de la mort des manifestants.

Ce dernier a affirmé que les militaires avaient été contraints de prendre le pouvoir en raison des querelles entre les partis politiques, qui, selon lui, pouvaient conduire à une guerre civile. Mais la prise de pouvoir a également eu lieu moins d’un mois avant qu’il ne soit censé céder la direction de la plus haute instance gouvernementale du pays à un civil…

Le Soudan est au cœur d’une transition fragile vers la démocratie, qui a débuté après qu’un soulèvement populaire a contraint l’armée à destituer l’autocrate de longue date Omar el-Béchir et son gouvernement islamiste, en avril 2019. Pendant des semaines avant le coup d’État, les tensions entre les dirigeants militaires et civils sur le rythme de la transition se sont multipliées.

Déclaration constitutionnelle de 2019

Dans un autre développement, le puissant chef du grand groupe paramilitaire du Soudan, les Forces de soutien rapide, a fait ses premiers commentaires publics depuis le coup d’État. Le général Mohammed Hamdan Dagalo a déclaré dans une déclaration vidéo publiée par son bureau dimanche dernier que les généraux avaient pris le pouvoir pour « corriger le cours de la révolution populaire » et parvenir à la stabilité. Il a accusé une poignée de partis politiques au sein du gouvernement de monopoliser le pouvoir et de négliger les intérêts du peuple.

Mohammed Hamdan Dagalo, connu sous le nom de Hemedti, a été vu aux côtés du général al-Burhan lors de nombreuses réunions avec des diplomates internationaux après le coup d’État. Il jouit d’une grande influence dans le pays après avoir mené des campagnes brutales contre l’insurrection dans la province rétive du Darfour sous le régime précédent. Ses forces ont également été accusées d’avoir violemment dispersé un sit-in lors du soulèvement de 2019, qui a entraîné la mort de manifestants.

Depuis le coup d’État, des manifestations de grande ampleur ont eu lieu dans tout le pays, exigeant le retour d’un gouvernement civil. Le général al-Burhan a également déclaré à Al-Jazeera que l’armée n’arrêtera « aucune activité politique tant qu’elle est pacifique » et contenue dans les limites de la déclaration constitutionnelle de 2019. Qui établit le gouvernement de transition, aujourd’hui déchu…

 

 

Crédits photo : Le nouveau maître du Soudan, Abdel Fattah al-Burhan, a assuré vouloir « continuer à réaliser la volonté du peuple pour construire un État de liberté, de paix et de justice » (AFP/Ashraf Shazly).

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