Le prince héritier saoudien poursuit sa tournée du Golfe et arrive au Qatar

MBS est en visite dans le petit émirat pour la première fois depuis la fin de l’embargo imposé à Doha en 2017.

La visite au Qatar du prince héritier saoudien, Mohammed ben Salman (dit « MBS ») – la première depuis que les deux monarchies du Golfe ont renoué des liens diplomatiques après le blocus mis en place par Riyad en juin 2017 -, marque également son troisième arrêt dans la région cette semaine. Le leader de facto de l’Arabie saoudite effectue une tournée dans le Golfe afin de renforcer les alliances du royaume, tandis que l’Iran, son pire ennemi, durcit le ton dans les négociations internationales qui se tiennent actuellement à Vienne, en Autriche, au sujet de « son » nucléaire.

« Puissant médiateur »

Cette visite revêt une importance particulière car, l’année dernière à la même époque, les deux pays voisins étaient au cœur d’une impasse diplomatique, qui avait mis à mal les liens multilatéraux dans la région et fracturé la délicate entente au sein du Conseil de coopération du Golfe (CCG). Énervés de voir le Qatar soutenir les Frères musulmans et, surtout, Téhéran, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis (EAU), le Bahreïn et l’Égypte avaient effectivement rompu leurs liens avec Doha en juin 2017. Les Qataris en profitant pour se rapprocher de la Turquie et de l’Iran.

L’impasse régionale a pris fin au début de l’année avec un accord signé par les dirigeants arabes en Arabie saoudite. Et, en fin de compte, le Qatar n’a pas cédé à la liste d’exigences formulées par le quartet, notamment la fermeture de sa chaîne d’information Al Jazeera et la remise d’islamistes recherchés résidant en exil.

« Au contraire, précise l’agence américaine Associated Press (AP), le Qatar est devenu un puissant médiateur dans la région. En tant qu’hôte de la plus grande base aérienne américaine du Moyen-Orient, le Qatar a joué un rôle majeur lors de l’évacuation de l’Afghanistan menée par les États-Unis au cours de l’été et a également facilité le contact avec les dirigeants talibans du pays après la fermeture des ambassades occidentales à Kaboul. »

Le Qatar est également bien placé pour jouer un rôle dans l’apaisement des tensions entre l’Arabie saoudite et la Turquie. La visite de MBS à Doha intervient quelques jours seulement après la visite du président turc, Recep Tayyip Erdogan, au Qatar pour des réunions. Pour rappel, les relations entre les deux pays sont tendues depuis le meurtre, en octobre 2018, du journaliste et dissident saoudien Jamal Khashoggi, dans le consulat saoudien d’Istanbul, probablement par des hommes de main du prince héritier saoudien.

Concurrence acharnée

À son arrivée au Qatar, mercredi en fin de journée, celui-ci a été accueilli sur le tarmac par une accolade de l’émir au pouvoir, le cheikh Tamim ben Hamad Al Thani, bien plus chaleureuse que la poignée de main échangée un peu plus tôt avec le prince héritier émirati à qui il avait rendu visite. « La formalité de leur accueil, qui contraste avec l’accolade reçue au Qatar, et la décision de faire des EAU la deuxième étape de sa tournée après Oman, mettent en lumière les tensions sous-jacentes apparues dans les relations entre l’Arabie saoudite et les EAU », analyse AP.

Malgré une longue déclaration commune exprimant leur engagement en faveur de la prospérité économique et de la sécurité à l’issue de la visite de MBS à Abou Dabi, les alliés traditionnels ont des positions de plus en plus divergentes en matière de politique étrangère et se livrent une concurrence acharnée pour les investissements étrangers et l’influence régionale. Après le Qatar, le prince héritier saoudien doit conclure sa tournée par des arrêts à Bahreïn et au Koweït.

 

 

Crédits photo : Sur cette photo publiée par le palais royal saoudien, le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salman, au centre à gauche, est accueilli par l’émir du Qatar, le cheikh Tamim ben Hamad Al Thani, à son arrivée à l’aéroport de Doha, au Qatar, le mercredi 8 décembre 2021 (Bandar Aljaloud/Palais royal saoudien via AP).

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