Le gouvernement avait promis de relever le salaire minimum en janvier dernier, de 18 000 à 25 000 DA, ce qui n’a toujours pas eu lieu.
Alors que le salaire moyen ne dépasse pas les 41 000 dinars algériens (DA), selon les chiffres rendus publics par l’ONS (Office national des statistiques), des mesures ont été annoncées pour pallier les fins de mois rudes des ménages algériens, mais qui ne semblent pas être en adéquation avec le problème de l’inflation, véritable cancer qui lamine leur pouvoir d’achat.
Envolée des prix en 2020
Lors des mouvements de protestations qui ont eu lieu ces derniers jours, les manifestants ont appelé à des mesures améliorant leur niveau de vie, qui est à son plus bas aujourd’hui. En effet, selon l’ONS, le salaire moyen ne couvre même pas les besoins vitaux d’une famille algérienne de quatre personnes. En outre, la dévaluation du dinar et la hausse des prix des produits de large consommation grèvent sacrément le pouvoir d’achat des Algériens.
Plusieurs produits verront leur prix augmenter en 2020, à commencer par le tabac. En effet, les cigarettes se vendront beaucoup plus chères cette année en raison de l’augmentation de la taxe sur les produits tabagiques.
Les produits électroménagers verront aussi leurs prix flamber, à cause de l’élévation du barème de la taxe d’efficacité énergétique. Quant aux billets d’avion, ils seront impactés par l’augmentation de la taxe sur les titres de transport internationaux. Ils seront nettement plus chers en 2020.
Par ailleurs, les prix de l’automobile vont augmenter eux aussi : pas moins de trois nouvelles taxes et augmentation des taxes existantes sont ainsi prévues en 2020. Les automobilistes devront s’acquitter notamment de la nouvelle taxe sur les véhicules roulants, qui est de 1 500 DA pour les véhicules de tourisme, et de 3 000 DA pour les autres véhicules et engins roulants.
Des mesures à l’emporte-pièce
Quant aux mesures prises par le gouvernement pour faire face à cette situation – qui parait inextricable -, elles peuvent se résumer à la suppression de l’impôt sur le revenu global (IRG) sur les faibles revenus (moins de 30 000 DA), annoncé par le président Abdelmadjid Tebboune. Une décision jugée populiste par certains experts en économie en Algérie.
L’économiste Kouider Boutaleb a ainsi déclaré au quotidien algérien El Watan que « ce type de décisions prises à l’emporte-pièce sont loin de régler définitivement, ou du moins soulager la problématique du pouvoir d’achat ». Et d’ajouter : « Le salaire est un coût pour les entreprises et un pouvoir d’achat pour le salarié. On ne peut prendre de décisions sans mener de véritables études sérieuses dans ces deux variables. »
Selon M. Boutaleb, exonérer les revenus de moins de 30 000 DA de l’IRG implique un coût pour l’Etat. Il précise en outre que l’absence d’un ministère de la planification, qui veillerait sur la cohérence des décisions prises, projette le pays dans le flou en matière d’équilibre financier.
Pour rappel, le gouvernement avait promis de relever le salaire minimum (SNMG) en janvier dernier, de 18 000 à 25 000 DA, ce qui n’a toujours pas été fait. Les salaires algériens font toujours partie des plus bas du bassin méditerranéen – la moitié des salariés touchent un salaire mensuel inférieur à 1,6 fois le SNMG. Par ailleurs, le taux de croissance de l’économie algérienne restera très faible pour cette année (1,8 %).

Mounira Elbouti est doctorante et enseigante à l’IMT Business School. Elle s’intéresse à l’analyse de l’évolution des sociétés maghrébines post-« printemps arabe » et s’est spécialisée dans les questions de genre, de leadership et de transformation digitale. Elle a déjà collaboré avec le HuffingtonPost Maghreb, Le Mondafrique, Tunis Hebdo et Liberté Algérie.